Agir et faire agir

par Matthieu Niango

Projet de thèse en Philosophie

Sous la direction de Patrick Savidan.

Thèses en préparation à Paris 12 , dans le cadre de Ecole doctorale Cultures et Sociétés , en partenariat avec Lettres, Idées, Savoirs (Créteil) (laboratoire) depuis le 01-10-2018 .


  • Résumé

    Prenant acte de la crise de la politique, jugeant insuffisantes les réponses pratiques et théoriques qui lui ont été apportées, la thèse propose de saisir la représentation à la racine en en interrogeant l'existence même. À cette fin, elle se donne pour objet d'établir un principe susceptible de mieux répartir le pouvoir entre citoyens et représentants. Procédant en quelque sorte par l'absurde en identifiant les conditions de la délégation pour mieux dévoiler l'immensité de ce que devrait être le champ d'action du citoyen, la thèse s'interroge ainsi sur ce qui peut justifier ce fait exorbitant : que je remette mon pouvoir à quelqu'un pour qu'il agisse en mon nom. La réponse à cette question amène à restreindre considérablement la représentation, légitime seulement là où le citoyen estime être moins apte que celui ou celle à qui il confie son pouvoir. On peut appeler principe de subsidiarité radicale le mécanisme par lequel cette délégation doit alors seulement se faire. L'objet de la thèse est d'établir ce principe comme le plus à même de produire une représentation optimisant l'action politique. Ce principe se trouve être au fondement de la démocratie liquide, ici rebaptisée système délégatif, qui place la délégation à la main de chacun dès lors à même de déléguer ou non son pouvoir. Un tel système met l'accent non sur la délibération, contrairement à la démocratie délibérative, mais, en amont de celle-ci, sur l'expression même de ce qu'il y a à faire et l'objet même de la discussion. Outre la connaissance des entités politiques dont il est une partie et sur lesquelles il agit, la thèse estime que l'exercice de cette phase expressive devrait constituer, avec celui d'une comparaison permanente entre ses forces et celles d'autrui pour traiter les tâches politiques, le propre de l'art civique. Stimulé par la capacité institutionnellement garantie de conserver son pouvoir ou le remettre à qui en fera le meilleur usage, l'art civique ainsi conçu implique de se connaître soi-même, autrui et le monde pour mieux y agir.

  • Titre traduit

    Act and make act


  • Résumé

    Taking note of the political crisis, judging the practical and theoretical responses that have been brought to it insufficient, the thesis proposes to seize representation at the root by questioning its very existence. To this end, its purpose is to establish a principle likely to better distribute power between citizens and representatives. Proceeding in a way by the absurd by identifying the conditions of the delegation to better reveal the immensity of what should be the field of action of the citizen, the thesis thus questions what can justify this exorbitant fact: that I hand over my power to someone so that she acts in my name. The answer to this question leads to considerably restricted representation, legitimate only where the citizen considers himself less capable than the one to whom he trusts his power. We can call principle of radical subsidiarity the mechanism by which this delegation must then only take place. The purpose of the thesis is to establish this principle as the most likely to produce a representation that optimizes political action. This principle happens to be at the foundation of liquid democracy, here renamed delegating system by which delegation is up to everyone who therefore is able to delegate their power or not. Such a system emphasizes not deliberation, contrary to deliberative democracy, but, upstream of it, on the very expression of what needs to be done and the very object of the discussion. In addition to the knowledge of the political entities of which he is a part and on which he acts, the thesis considers that the exercise of this expressive phase should constitute, with that of a permanent comparison between his forces and those of others to treat the political tasks, the essence of civic art. Stimulated by the institutionally guaranteed capacity to retain one's power or hand it over to those who will make the best use of it, the civic art thus conceived implies knowing oneself, others and the world in order to act better.