Projet de thèse en Sociologie
Sous la direction de Yannick Barthe.
Thèses en préparation à Paris, EHESS , dans le cadre de École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales depuis le 03-10-2019 .
Ma thèse s’ouvre sur l’analyse de la controverse scientifique autour du « trouble du jeu vidéo » (gaming disorder) reconnu par l’OMS en 2018. Cette « addiction comportementale », touchant essentiellement des adolescents et jeunes adultes masculins, serait caractérisée par un usage « excessif », durable et incontrôlable, de jeux vidéo entraînant de lourdes conséquences négatives sur la vie sociale (domestique, scolaire, professionnelle, etc.) du joueur et de ses proches. La controverse s’épaissit depuis quelques années avec, d’une part, le renforcement de l’alerte au danger de la « surexposition aux écrans » chez les plus jeunes (0 à 6 ans), et d’autre part, un développement de méthodes thérapeutiques et éducatives fondées sur l’utilisation de certains jeux vidéo. Les alliances et oppositions sont nombreuses, au carrefour de puissantes dualités morales : réalité et virtuel, travail et loisir, normal et pathologique. Pour voir plus clair dans cette nébuleuse de représentations et de positions, je fais le pari qu’il ne faut pas se limiter à la littérature scientifique et médiatique abondante produite sur ces sujets, mais les ressaisir à partir de l’une des principales sources de leur production : les pratiques cliniques des professionnels du soin, et plus marginalement de l’éducation, en prise avec ce type de patients. C'est à ce niveau qu'on pourrait mieux comprendre les dynamiques qui se dessinent dans la construction et la trajectoire de ce « problème social ». Ma thèse portant, plus spécifiquement, sur l’étude des opérations et des processus qui participent à le constituer tantôt comme un problème public, tantôt comme un problème privé. Mes matériaux reposent principalement sur des entretiens auprès des cliniciens et un corpus des productions scientifique et médiatique.
Pas de résumé disponible.