Thèse soutenue

Définition du retard de croissance intra-utérin en Europe, référentiels de croissance et association avec les risques de mortalité et de morbidité

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Auteur / Autrice : Alice Hocquette
Direction : Jennifer Zeitlin
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Épidémiologie
Date : Soutenance le 21/11/2022
Etablissement(s) : Université Paris Cité
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Pierre Louis de santé publique : épidémiologie et sciences de l'information biomédicale (Paris ; 2000-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de Recherche en Epidémiologie et Statistiques (2014-....)
Jury : Président / Présidente : Anne Rousseau
Examinateurs / Examinatrices : Anne Rousseau, José Labarère, Jonathan Bernard, Françoise Vendittelli
Rapporteurs / Rapporteuses : Anne Rousseau, José Labarère

Résumé

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Le retard de croissance intra-utérin (RCIU), défini comme une croissance anténatale insuffisante du fœtus, est associé à un risque augmenté de mortalité fœtale et néonatale, et de complications à court, moyen et long terme. Son dépistage repose sur l’identification des fœtus ou nouveau-nés petits pour l’âge gestationnel (PAG) caractérisés par un poids inférieur au 10ème percentile d’une courbe de croissance. Il existe de nombreuses courbes, qui diffèrent par leurs approches et leurs méthodologies, et au commencement de cette thèse rares étaient les sociétés savantes qui s’exprimaient sur laquelle d’entre elles utiliser. Cette absence de recommandations était responsable d’une importante variabilité des pratiques et des performances du dépistage, de l’impossibilité de comparer les stratégies d’identification des nouveau-nés à risque entre les pays, et d’une limitation de la synthèse des résultats de la littérature sur le RCIU. L’objectif de cette thèse était donc d’évaluer les différents types de courbes de croissance et l’impact du choix de l’une d’entre elles sur l’estimation de la prévalence du PAG, à partir de quatre sources de données françaises et européennes. La première partie de nos travaux a montré une importante variabilité dans la proportion des fœtus identifiés PAG selon les différentes courbes appliquées à une cohorte de naissances françaises. La courbe la plus adaptée à la description de la croissance en France est la courbe de l’Organisation Mondiale de la Santé. Dans la deuxième partie, nous avons confirmé les différences importantes entre les courbes lorsqu’elles sont appliquées à un échantillon de naissances prématurées, chez lesquelles les conséquences du RCIU sont encore plus sévères. Cette étude, portant sur les données de 26 891 nouveau-nés avant 37 semaines d’aménorrhée dans le registre de naissances finlandais, montre que l’utilisation de courbes intra-utérines construites à partir de poids fœtaux estimés à l’échographie pendant la grossesse est plus pertinente que l’utilisation de courbes construites à partir de poids de naissance qui sont en moyenne abaissés du fait de l’association entre prématurité et RCIU. Notre troisième partie, à partir de données sur environ 1,5 millions de naissances dans 15 pays d’Europe participant au réseau européen Euro-Peristat, a permis de montrer que l’utilisation de courbes internationales à visée universelle n’était pas adaptée pour certains pays et pourrait mener à la sous-identification des nouveau-nés PAG à risque. L’utilisation de courbes nationales, construites à partir d’échantillons locaux semble préférable. Enfin, la quatrième et dernière partie de nos travaux a mis en évidence certaines limites méthodologiques des courbes de croissance dites customisées. Nous avons utilisé deux sources de données françaises pour tester des hypothèses de ces courbes qui sont ajustées sur des caractéristiques maternelles et fœtales impactant physiologiquement la croissance afin de modéliser la croissance individuelle. L’adaptation de leur méthodologie pourrait permettre d’améliorer leurs performances. En conclusion, cette thèse a démontré la nécessité d’évaluer les courbes de croissance avant leur implémentation en pratique clinique et en recherche. En effet, le choix de l’une d’entre elles impacte fortement la proportion de fœtus et de nouveau-nés identifiés comme à risque, une première étape essentielle pour la mise en place d’une surveillance et d’interventions appropriées pour prévenir le risque de décès et autres complications. Ce travail a également apporté des pistes vers l’harmonisation et le choix d’une courbe de croissance pour l’identification des fœtus et nouveau-nés à risque du fait d’une insuffisance de leur croissance en France et en Europe.