Projet de thèse en DOCTORAT en SCIENCES ECONOMIQUES
Sous la direction de Mehrdad Vahabi.
Thèses en préparation à Paris 13 , dans le cadre de École doctorale Érasme (Villetaneuse, Seine-Saint-Denis) depuis le 02-09-2019 .
Des superficies de terres équivalentes à l’Europe occidentale ont changé de mains au cours de la première décennie des années 2000. Ce phénomène est souvent associé à la multiplication d’affrontements violents, et au déplacement de millions de “dépossédés”, en majorité dans les pays du Sud (Nolte et al., 2016). Ce projet de thèse vise à apporter des éléments originaux de compréhension de l’accaparement des terres. Ce phénomène est souvent étudié comme une acquisition à travers des mécanismes de prix liés au marché. Cette approche est insuffisante car elle ignore les autres formes d’allocation des ressources, et tout particulièrement la coordination destructive, qui repose sur la force brutale (Vahabi, 2009). Si le rôle des firmes multinationales ou des grands propriétaires agricoles est souvent analysé, on cherche à compléter ces explications par la mise en avant du rôle de l’État. On s’inscrit dans la perspective théorique d’un « État prédateur », ce qui permet de se libérer des postulats selon lesquels (1) l’Etat maximise l’intérêt général, et (2) les conflits ne peuvent exister en présence de marchés. Certains travaux explorent le rôle de l’Etat dans la redistribution des terres, mais ont une place relativement marginale. Les connaissances sont encore plus réduites quant à la mesure dans laquelle l’accaparement des terres modifie la construction de l’Etat. Ce projet vise à approfondir ces deux lignes de recherche, afin de comprendre les fonctions que remplit la capture forcée de la terre pour les différents acteurs, et d’éclairer les mécanismes qui prédominent ou coexistent. Quels sont les mécanismes explicatifs du rôle de l’Etat dans les accaparements fonciers incluant des formes de violences, et, réciproquement, quel rôle joue l’accaparement dans la construction et l'institutionnalisation de l’Etat ?
Areas of land equivalent to Western Europe changed hands during the first decade of the 2000s. This phenomenon is often associated with the multiplication of violent clashes, and the displacement of millions of "dispossessed", mostly in the countries of the Global South (Nolte et al., 2016). This thesis project aims to provide original elements for understanding land grabbing. This phenomenon is often studied as an acquisition through market-related price mechanisms. This approach is insufficient because it ignores other forms of resource allocation, particularly destructive coordination, which is based on brutal force (Vahabi, 2009). While the role of multinational firms or large agricultural owners is often analysed, these explanations can be complemented by a focus on the role of the State. Our theoretical perspective is that of a "predatory State", which makes it possible to drop the postulates that (1) the State maximizes the general interest, and (2) conflicts cannot exist in the presence of markets. Studies that explore the role of the state in land redistribution, remain relatively marginal. Even less is known of the extent to which land grabbing affects state building. This project aims to deepen these two lines of research, in order to understand the functions fulfilled by the forced capture of land for the various actors, and to shed light on the mechanisms that predominate or coexist. What are the mechanisms explaining the role of the State in land grabbing that includes forms of violence, and, conversely, what role does grabbing play in the construction and institutionalization of the State?