Efficacité des dispositifs d'insertion sociale et professionnelle à destination des "NEET

par Océane Vilches

Projet de thèse en Sciences de l'éducation

Sous la direction de Sophie Morlaix.

Thèses en préparation à Bourgogne Franche-Comté , dans le cadre de SEPT - Sociétés, Espaces, Pratiques, Temps , en partenariat avec IREDU - Institut de Recherche sur l'Education (laboratoire) depuis le 15-03-2019 .


  • Résumé

    On constate 14 millions de jeunes NEET- Neither in Employment not in Education or Training – en Europe et environ 1,8 millions en France. Le concept de “NEET” a été introduit par la Commission européenne en 2010 pour désigner les jeunes âgés entre quinze et vingt- neuf ans qui ne sont ni en emploi, ni en étude, ni en formation. Deux types de publics apparaissent : les jeunes diplômés qui cherchent un emploi donc qui sont temporairement éloignés du marché du travail et les jeunes qui sont sortis précocement du système éducatif et qui peinent à s'insérer sur le marché de l'emploi en raison de leur manque de qualification. Aujourd'hui, ces jeunes sont surreprésentés parmi la population pauvre. Ils sont considérés comme vulnérables et risquent d'être confrontés à l'exclusion sociale. Face à l'urgence de la situation des jeunes NEET, on observe l'apparition de nombreux dispositifs d'aide depuis 2005. En effet, ceux-ci ont pour objectifs la prévention de la pauvreté et le chômage des jeunes qui ne peuvent demander le RSA, mais aussi œuvrer à leur insertion sur le marché du travail. Ainsi, ces dispositifs peuvent consister à aider les jeunes de manière financière ou leur permettre de s'insérer de manière durable et rapide sur le marché de l'emploi. Depuis plus de trente ans, c'est le rôle des quatre cent quarante-cinq missions locales présentent sur le territoire français qui aident près d'1,5 millions de jeunes chaque année. La recherche sera menée en collaboration avec la mission locale de Nevers. Plus précisément, elle portera sur le territoire nivernais puisque le terrain aura lieu auprès de trois missions locales : celles de Nevers, Château Chinon et Cosne-Sur-Loire. La population étudiée est celle des « parcours empêchés » que Loison-Leruste et al. (2016) définit comme des jeunes pour lesquels le dispositif d'aide est un échec puisqu'il tend à faire stagner leur situation voire la dégrader au cours du temps. Selon l'étude, ce sont des jeunes qui sont peu diplômés et qui ont peu travaillé. Ils ont aussi des problèmes de santé qui freinent leur accès à l'emploi, mais aussi une certaine précarité résidentielle. Au vu de ces constats, nous émettons deux hypothèses principales : Dans un premier temps, nous supposons qu'il existe un décalage entre les attentes des jeunes et ce que leur proposent les conseillers des missions locales. Ainsi, nous allons observer si ce décalage est présent et si c'est le cas s'interroger sur les facteurs explicatifs de celui-ci. Lima (2016) apporte un éclairage sur la question puisqu'elle s'est focalisée sur les liens entre le positionnement des conseillers, leur trajectoire sociale et professionnelle ainsi que les caractéristiques des jugements pratiqués par rapport à chaque demande d'aide. Elle montre alors que les conseillers en mission locale vont tendre à exclure les plus socialement défavorisés des aides sociales. Dans un second temps, nous émettons l'hypothèse selon laquelle les trajectoires de vie des jeunes ont un impact sur la façon dont le jeune perçoit les dispositifs d'aide. En effet, Muniglia et Rothé (2012) ont créé une typologie du rapport que les jeunes entretiennent avec le système d'aide. Ils ont identifié trois types de jeunes auxquels nous allons nous intéresser. Tout d'abord, les « conventionnels » qui sont caractérisés par une situation économique précaire, un nombre de diplômes peu élevé et un entourage relativement stable. Ils considèrent l'activité professionnelle comme importante et s'orientent facilement vers les dispositifs d'aide. Ensuite, ils ont identifié les « renversés » qui recourent difficilement au système d'aide. En effet, ce public se distingue de par leur précarité sociale et professionnelle qui arrive de façon brutale. Ainsi, ils acceptent mal leur situation et pour cela se sentent facilement humiliés. Enfin, les « désaffiliés » qui sont pour la plupart d'entre eux issus de milieux très défavorisés et qui ont subi des épisodes traumatisants durant leur enfance. Cette population est à l'aise avec le système d'aide sociale puisqu'ils y ont souvent été confrontés.

  • Titre traduit

    Effectiveness of social and professional integration schemes for "NEET"


  • Résumé

    There are 14 million young people NEET- Neither in Employment not in Education or Training - in Europe and about 1.8 million in France. The concept of "NEET" was introduced by the European Commission in 2010 to refer to young people between the ages of 15 and 29 who are not in employment, education or training. Two types of audiences are emerging: young graduates who are looking for a job and are therefore temporarily out of the labour market, and young people who have left the education system early and are struggling to enter the labour market because of their lack of qualifications. Today, these young people are over-represented among the poor population. They are considered vulnerable and at risk of social exclusion. Faced with the urgent situation of young NEETs, we have seen the emergence of many aid measures since 2005. Indeed, their objectives are to prevent poverty and unemployment among young people who cannot apply for the RSA, but also to work towards their integration into the labour market. Thus, these measures may consist in helping young people financially or enabling them to enter the labour market in a sustainable and rapid manner. For more than thirty years, this has been the role of the four hundred and forty-five local missions in France that help nearly 1.5 million young people every year. The research will be carried out in collaboration with the local mission in Nevers. More precisely, it will cover the territory of Nivernais since the field will take place at three local missions: those of Nevers, Château Chinon and Cosne-Sur-Loire. The population studied is that of the "prevented pathways" that Loison-Leruste et al (2016) defines as young people for whom the aid system is a failure since it tends to stagnate their situation or even worsen it over time. According to the study, these are young people with few diplomas and who have worked little. They also have health problems that hinder their access to employment, but also a certain residential precariousness. In view of these observations, we make two main hypotheses: First, we assume that there is a gap between young people's expectations and what the local mission counsellors propose to them. Thus, we will observe if this lag is present and if so, we will question the factors that explain it. Lima (2016) sheds light on the issue by focusing on the links between the positioning of counsellors, their social and professional trajectory and the characteristics of the judgments made in relation to each request for assistance. It then shows that local mission counsellors will tend to exclude the most socially disadvantaged from social assistance. Second, we hypothesize that young people's life trajectories have an impact on how they perceive assistive devices. Indeed, Muniglia and Rothé (2012) have created a typology of the relationship that young people have with the support system. They have identified three types of young people in whom we will focus. First of all, the "conventional" ones, who are characterized by a precarious economic situation, a low number of diplomas and a relatively stable environment. They consider the professional activity to be important and easily orient themselves towards assistive devices. Then, they identified the "overthrown" people who have difficulty using the aid system. Indeed, this public is distinguished by their social and professional precariousness, which comes in a sudden way. As a result, they do not accept their situation well and feel easily humiliated. Finally, the "disaffiliated", most of whom come from very disadvantaged backgrounds and who have suffered traumatic episodes during their childhood. This population is comfortable with the social assistance system as they have often been confronted with it.