Projet de thèse en Sociologie, anthropologie, ethnologie
Sous la direction de Malanjaona Rakotomalala.
Thèses en préparation à Paris, INALCO , dans le cadre de École doctorale Langues, littératures et sociétés du monde (Paris) depuis le 01-10-2018 .
Loin d’être une pratique révolue, la sorcellerie, un savoir qui consiste à faire du mal à autrui, est encore très actuelle dans l’imaginaire populaire à Madagascar. Malgré les aspects extérieurs « modernes » d’Antananarivo, la capitale, et de ses environs immédiats, on pense même que la sorcellerie est en pleine expansion dans la ville. Le paradoxe est que plus celle-ci « se modernise », plus la population craint la sorcellerie et plus elle a recours aux devins guérisseurs… ou aux « sectes ». Tout porte à croire que c’est la peur de la sorcellerie qui justifie et renforce la nécessité de la médecine « magique », pratiquée par les devins guérisseurs, et que sans la sorcellerie, cette médecine perdrait une grande partie de son essence… et aussi que sans le démon, les « sectes » auraient du mal à se justifier. En tout cas, la population de la capitale est unanime sur le fait que les valeurs sociales des ancêtres, tant sublimées auparavant, sont bouleversées actuellement et que ce phénomène est la manifestation de la crise sans précédent que traverse le pays. De leur côté, les Eglises ne cessent de réprimer la prétendue démonologie qui animerait les pratiques ancestrales malgaches, tandis que la grande majorité des médecins dénoncent ce qu’ils qualifient d’irrationnel dans la médecine « magique », plus précisément les techniques thérapeutiques qui font intervenir des esprits. Toujours est-il que les traditions malgaches résistent aux situations nouvelles imposées par le christianisme et le savoir-faire et le savoir-penser « modernes ». C’est ce phénomène tel qu’il apparaît à Antananarivo et ses environs qui sera analysé dans la thèse. La question fondamentale est donc la suivante : comment la population vit-elle la « modernité » et le christianisme dans les traditions censées être ancestrales ou, inversement, comment vit-elle les traditions ancestrales dans un monde « moderne » et chrétien ? En tout cas, une chose est sûre : depuis leur contact avec les « Blancs » au XIXe siècle, les traditionnalistes d’Antananarivo et ses environs ont fait un usage politique de leurs traditions ancestrales pour résister au christianisme et à la « modernité ».
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