Projet de thèse en Sociologie
Sous la direction de Francis Chateauraynaud et de Camille Roth.
Thèses en préparation à Paris, EHESS , dans le cadre de École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales , en partenariat avec Centre Marc Bloch (Berlin) (laboratoire) depuis le 29-11-2018 .
Cette thèse propose de porter un regard pragmatique sur la "mise en algorithme" de la recommandation et de la décision au sein des organisations. Elle se situe à l’intersection des travaux qui s’intéressent à l’utilisation des technologies d’automatisation et d’évaluation dans les organisations et de ceux qui questionnent la volonté et l'opacité des algorithmes. Partant du principe que la première étape de la mise en algorithme est la "mise en données" (parfois massives) des activités de consommation et de décision, nous mobilisons le concept de "gouvernementalité algorithmique" afin d’étudier comment les acteurs de la conception et les utilisateurs des algorithmes y ont recours pour arriver à leurs fins. Pour cela, nous avons mené quatre enquêtes auprès d'une centaine d’acteurs (initiateurs, ingénieurs, designers et utilisateurs) d’algorithmes de recommandation et d'algorithmes organisationnels. Nous montrons notamment que les initiateurs mobilisent les algorithmes – conçus par les ingénieurs et les designers – non pas pour automatiser des actions, mais pour se désengager de toute prescription culturelle et décisionnelle. Mécaniquement, ce sont aux utilisateurs de faire des choix et de s’engager. Dans le cas de la recommandation, l’évaluation des algorithmes est orientée vers la consommation, tandis que pour l’aide à la décision, ce sont l'utilité et l'intelligibilité des résultats qui revêtent de l'importance. Cette conclusion suggère l'émergence du régime de la satisfaction, offrant ainsi un cadre optimal aux initiateurs pour harmoniser les objectifs liés à l'organisation et à l'utilisation.
The Design of Algorithms
This thesis aims to take a pragmatic look at the "algorithmisation" of recommendation and decision-making within organisations. It lies at the intersection of research that explores the use of automation and evaluation technologies in organisations and that which questions the intentions and opacity of algorithms. Starting from the premise that the initial step in algorithmisation is the "datafication" (sometimes massive) of consumption and decision-making activities, we draw upon the concept of "algorithmic governmentality" to examine how designers and users of algorithms harness them to achieve their objectives. To accomplish this, we conducted four studies involving around a hundred actors (initiators, engineers, digital designers, and users) of recommendation algorithms and organisational algorithms. We demonstrate, in particular, that initiators employ algorithms – crafted by engineers and digital designers – not to automate actions but to disengage from any cultural or decision-making prescription. Consequently, it falls upon users to make choices and become engaged. In the case of recommendation, algorithm evaluation is oriented towards consumption, while for decisions support, priority is given to utility and interpretability of results. This conclusion suggests the emergence of a "satisfaction regime," providing an optimal framework for initiators to align objectives related to organisation and use.
Die Herstellung der Algorithmen
Diese Dissertation zielt darauf ab, einen pragmatischen Blick auf die "Algorithmisierung" von Empfehlung und Entscheidung innerhalb von Organisationen zu werfen. Sie liegt an der Schnittstelle von Forschungen, die sich mit der Nutzung von Automatisierungs- und Bewertungstechnologien in Organisationen befassen, und solchen, die die Absichten und die Opazität von Algorithmen hinterfragen. Ausgehend von der Annahme, dass der erste Schritt bei der Algorithmisierung die "Datenerfassung" (manchmal in großem Umfang) von Konsum- und Entscheidungsaktivitäten ist, greifen wir auf das Konzept der "algorithmischen Gouvernementalität" zurück, um zu untersuchen, wie Akteure des Entwurfs und Benutzer von Algorithmen sie einsetzen, um ihre Ziele zu erreichen. Hierzu haben wir vier Studien mit etwa hundert Akteuren (Initiatoren, Ingenieuren, Designern und Benutzern) von Empfehlungs- und Organisationsalgorithmen durchgeführt. Wir zeigen insbesondere, dass Initiatoren Algorithmen -- entwickelt von Ingenieuren und Designern -- nicht einsetzen, um Aktionen zu automatisieren, sondern sich von jeder kulturellen oder entscheidungsbezogenen Vorschrift zu lösen. Folglich liegt es in der Verantwortung der Benutzer, Entscheidungen zu treffen und sich zu engagieren. Im Fall der Empfehlung orientiert sich die Algorithmusbewertung am Konsum, während bei der Entscheidungsunterstützung Nützlichkeit und Verständlichkeit der Ergebnisse im Vordergrund stehen. Diese Schlussfolgerung legt das Aufkommen eines "Zufriedenheitsregimes" nahe, das den Initiatoren einen optimalen Rahmen bietet, um Ziele im Zusammenhang mit Organisation und Nutzung abzustimmen.