Projet de thèse en Musique et musicologie
Sous la direction de Jérôme Cler et de Jean Lambert.
Thèses en préparation à Sorbonne université , dans le cadre de École doctorale Concepts et langages (Paris) , en partenariat avec Institut de Recherche en Musicologie (Paris ; 2014-....) (laboratoire) depuis le 20-11-2018 .
L’objectif de cette thèse est de présenter la musique sacrée de la communauté Yézidi, du Nord de l’Irak, son berceau historique. Cette musique est interprétée par les qawwâl, les officiant musiciens, chargés de transmettre oralement les textes religieux par leurs chants, ce qu’ils appellent « La science de la poitrine », en s'accompagnant du daf (tambour sur cadre) et du shibbab (flûte oblique), les instruments sacrés des Yézidis. Du fait de l’absence des livres saints yézidis, les qawwâl sont un des piliers de la religion, et les seuls chargés à les transmettre en musique pendant les fêtes yézidis dont Id al jama’yyah (la fête du rassemblement), un pèlerinage annuelle, dédié à sheikh ‘Adi (la réincarnation de la divinité yézidie sous la forme d’un soufi du XIIe siècle). L’aspect cérémonial de cette fête qui a lieu à Lalish où se trouve le mausolée de sheikh ‘Adi, est étroitement lié à la présence des qawwâl (comme c’est le cas avec les autres fêtes de l’année). Dans cette fête on peut repérer clairement, grâce aux rituels, les traces des religions anciennes et les traits syncrétiques de la religion yézidie qui ont été adaptés de plusieurs autres religions (abrahamiques et non abrahamiques). De là s’élabore la problématique de la thèse : quel est la contribution des qawwâl en tant que garants et conservateurs de la répertoire musical sacré yézidi, à fortifier la communauté yézidi, fragilisée par des menaces intérieurs (le débat pour le pouvoir), et des autres extérieurs représentées par les plusieurs compagnes des persécutions dont la dernière a eu lieu en 2014. Aujourd'hui, les musiciens qawwâl, issus de deux villages dans un environnement arabophone, situé à la plaine de Ninive, représentent un maillon important entre les diverses communautés Yézidis de majorité kurdophone. Leur musique peu recherchée, révèle une originalité d’interprétation et une diversité rythmique et mélodique digne à être une matière très pertinente pour des recherches plus approfondies.
The role of Qawwâl Musicians in the Jamâ'iyyah Pilgrimage of the Northern Iraqi Yezidi Community
The objective of this thesis is to present the sacred music of the Yezidi community in Northern Iraq, its historical cradle. This music is interpreted by the qawwâl, the officiating musicians, in charge of orally transmitting the religious texts through their songs, what they call "The science of the chest", accompanied by the daf (drum on frame) and the shibbab (oblique flute), the sacred instruments of the Yezidis. Because of the absence of Yezidi holy books, the qawwâl are one of the pillars of the religion, and the only ones responsible for transmitting them in music during Yezidi festivals, including Id al jama'yyah (the festival of gathering), an annual pilgrimage dedicated to Sheikh 'Adi (the reincarnation of the Yezidi deity in the form of a 12th century Sufi). The ceremonial aspect of this festival, which takes place in Lalish where the mausoleum of Sheikh 'Adi is located, is closely linked to the presence of qawwâl (as is the case with the other festivals of the year). In this feast we can clearly see, thanks to the rituals, the traces of ancient religions and the syncretic features of the Yezidi religion that have been adapted from several other religions (Abrahamic and non-Abrahamic). From there, the problematic of the thesis is elaborated: what is the contribution of qawwâl as guarantors and preservers of the sacred Yezidi musical repertoire, to strengthen the Yezidi community, weakened by internal threats (the debate for power), and other external ones represented by the several companions of persecutions, the last of which took place in 2014. Today, the qawwâl musicians, from two villages in an Arabic-speaking environment, located in the Nineveh plain, represent an important link between the various Kurdish-speaking majority Yezidi communities. Their music, which is not much sought after, reveals an originality of interpretation and a rhythmic and melodic diversity worthy of being a very relevant material for further research.