Thèse en cours

Juges et anthropologues dans les empires coloniaux : regards croisés

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Auteur / Autrice : Mathilde Ledolley
Direction : Pascal Vielfaure
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Histoire du Droit et des Institutions
Date : Inscription en doctorat le 23/11/2018
Etablissement(s) : Université de Montpellier (2022-....)
Ecole(s) doctorale(s) : Ecole doctorale Droit et science politique
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : IHD - Institut d'Histoire du Droit

Mots clés

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Résumé

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La colonisation est un processus souvent brutal et aléatoire, difficile à préparer en amont. Lorsqu'un pays décide de prendre possession d'un territoire déjà occupé, il lui faut faire face à de nombreuses contraintes : climatiques, économiques, sociales, mais aussi juridiques. La mise en place de nouvelles institutions devient vite une nécessité, notamment dans le domaine judiciaire, d'abord pour régler les conflits dus à la colonisation (surtout des contestations de propriété), puis simplement pour gérer les affaires quotidiennes. Dans ce domaine, les juges ont eu à trancher des affaires selon les règles de leur pays d'origine, tout en tentant de maintenir une justice au sens propre du terme, en s'adaptant aux contraintes du pays dans lequel ils exerçaient. Après les travaux de traductions des règles locales et de compilations des coutumes, les juges n'avaient toujours pas forcément une base fiable sur laquelle appuyer leurs décisions. Les anthropologues étaient les scientifiques tout désigné pour les aider dans cette tâche. Il s'agira donc de déterminer dans cette étude dans quelles mesures les travaux anthropologiques ont été utilisés par les juges dans les colonies. De voir comment les anthropologues eux-mêmes se sont intéressés au domaine judiciaire et l'étendue de la collaboration entre ces deux sciences. Également, ces études anthropologiques ont-elles réellement servi la justice, permis de mieux adapter les solutions aux parties en présence ? L'anthropologue a-t-il plutôt été un obstacle, un guide ou un appui pour le juge colonial, dans sa mission de rendre la justice face à tant de cas et de personnes différentes ? On peut constater en effet que certaines personnes se clamant anthropologues et prétendant avoir tiré des conclusions édifiantes sur un peuple indigène étaient en fait des administrateurs coloniaux qui se basaient uniquement sur des observations extérieures, à l'aune de leur savoir préconçu. A travers la pluralité de juridictions et la multitude de magistrats, la nécessité d'une justice coloniale de « terrain » se fera sans doute sentir, et il est intéressant de voir comment les juges et administrateurs coloniaux se sont adaptés. La diversité des Etats colonisateurs elle-même amènera également un point de comparaison et permettra de savoir si cette collaboration a été différente selon les pays, et selon les colonies.