Thèse en cours

« Revitaliser » les centres des villes moyennes : action publique et (im)mobilités résidentielles

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Triangle exclamation pleinLa soutenance a eu lieu le 29/01/2024. Le document qui a justifié du diplôme est en cours de traitement par l'établissement de soutenance.
Auteur / Autrice : Mikaël Dupuy le bourdelles
Direction : Christine Lelevrier
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Aménagement de l'espace, Urbanisme
Date : Inscription en doctorat le
Soutenance le 29/01/2024
Etablissement(s) : Paris Est
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Ville, Transports et Territoires
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : LAB'URBA
Jury : Président / Présidente : Fabrice Escaffre
Examinateurs / Examinatrices : Christine Lelevrier, Julie Pollard, Yoan Miot, Solène Gaudin, Frédéric Santamaria
Rapporteurs / Rapporteuses : Julie Pollard, Frédéric Santamaria

Résumé

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Depuis le milieu des années 2010, de nombreuses villes moyennes françaises ont élaboré des projets de revitalisation pour leurs centres-villes — notamment sous l’impulsion de l’État, au travers du programme Action cœur de ville ou du Nouveau programme national de renouvellement urbain (NPNRU). Dans ces quartiers, la propriété privée et le secteur locatif privé sont largement prédominants. En même temps, les villes moyennes bénéficient de moins de moyens humains et financiers, d’outils et d’opérateurs d’aménagement et de production immobilière que des villes plus peuplées. En dépit de ces difficultés, les acteurs publics locaux des villes moyennes cherchent à mettre en place des politiques de peuplement dans les centres-villes. Pour comprendre ce paradoxe, a été mis en œuvre un protocole de recherche associant une analyse statistique à celle de données qualitatives. Ces dernières ont été recueillies au travers d’une analyse documentaire, d’une campagne d’entretiens auprès des acteurs publics et d’une observation participante conduite dans le cadre d’une convention industrielle de formation par la recherche (CIFRE) dans une coopérative d’études. Les résultats portant sur un échantillon de neuf villes moyennes montrent que les centres anciens constituent des types de territoires particulièrement singuliers du point de vue de leur peuplement. Du fait de la spécialisation du parc résidentiel dans les petits appartements du secteur locatif privé, ils constituent des quartiers d’accueil — essentiels à la fluidité des parcours résidentiels dans les villes moyennes — pour les personnes en situation de rupture(s) biographique(s) : décohabitation du domicile parental, séparation conjugale ou veuvage, migration interrégionale ou internationale, précarité professionnelle… Parallèlement, ces caractéristiques en font globalement des espaces d’une grande et croissante mixité socioprofessionnelle — en dépit de l’hétérogénéité des villes moyennes et de leurs centres-villes. Pourtant, dans leur ensemble, les acteurs publics souhaitent déployer des politiques au nom de la mixité sociale dans les centres-villes, au travers des projets urbains visant à la revitalisation. L’enquête qualitative conduite dans trois terrains (Colmar, Romans-sur-Isère et Tulle) montre que cela s’explique par un rapport de cause à effet établi entre le constat d’un déclin du centre-ville — affaiblissement du tissu commercial, dégradation du bâti et de l’environnement urbain, etc. — et la représentation d’un peuplement « déséquilibré » dans le quartier. En addition, l’appropriation de la mixité sociale comme norme de l’action publique et le cadrage opéré par les dispositifs nationaux contribuent à renforcer l’attachement des acteurs locaux à l’idée d’une diversification du peuplement. Afin d’atteindre leur objectif de peuplement que constitue l’attraction de couples avec enfants de classe moyenne en propriété occupante — identifié comme un levier de revitalisation —, les acteurs publics élaborent des projets consistant à rapprocher l’habitat des centres-villes de celui proposé dans les territoires périurbains. Dans leur élaboration, les projets de revitalisation témoignent de l’internalisation d’un cadrage marchand de l’habitat par les acteurs publics. Il se double d’un rapprochement avec les acteurs privés dans leur mise en œuvre. Mais, les velléités de diversification du parc résidentiel des acteurs locaux se heurtent au faible nombre d’opérateurs de production de logements présents — pour l’essentiel, des bailleurs sociaux — et aux conditions sociales du dispositif national de renouvellement urbain. Par conséquent, les opérations immobilières déployées avec le soutien des acteurs publics ne vont pas dans le sens d’une diversification du parc résidentiel et du peuplement des centres-villes. Néanmoins, elles permettent de gommer les marqueurs du déclin urbain, dans l’espoir, aux yeux des acteurs publics, d’un « retour » des ménages et des investisseurs privés.