Michel Leiris autobiographe au présent : présent et présence dans la Règle du Jeu

par Jean Tuffery

Projet de thèse en Langues et litteratures francaises

Sous la direction de Michel Jarrety.

Thèses en préparation à Sorbonne université , dans le cadre de Littératures françaises et comparée , en partenariat avec Centre d'étude de la langue et de la littérature française des XVIe au XXIe s (equipe de recherche) depuis le 17-07-2018 .

Résumé

« Même si le contenu de ce que j’écris est rétrospectif, j’écris toujours au présent. » Cette formule provocante du Journal invite à considérer un phénomène notable, et pourtant peu commenté, de l’oeuvre autobiographique de Michel Leiris, et en particulier de La Règle du jeu : la récurrence de passages au présent, à rebours des procédures traditionnelles du genre. Ce phénomène répond à une théorie originale de la remémoration, qui vise à substituer, à « l’émotion ancienne » dont sont empreints les souvenirs, « l’émotion présente » éprouvée à les reconstituer. Il s’agit ainsi, pour l’autobiographe, de renoncer à une hypothétique réconciliation avec son passé et de parvenir à un accord plus immédiat, dans le présent de l’écriture, qui seule garantit la présence à soi. Par là on rejoint la réflexion esthétique de Leiris lui-même, qui accorde une place prépondérante à la notion de présence. Or cette dernière est d’abord pour lui l’apanage de la poésie. S’interroger sur la place du présent dans l’autobiographie, c’est donc aborder un carrefour notionnel qui réunit poésie, présence, et présent. On se propose ainsi de montrer que l’emploi du présent n’est qu’une modalité particulière de cette tentative de fusion, souvent décrite, de la poésie et de l’autobiographie que constitue La Règle du jeu. On sera notamment conduit à établir une typologie des différents usages du présent et à distinguer présent de commentaire, présent d’énallage, présent diariste et présent onirique. Ces deux derniers soulignent l’intérêt générique de la question puisqu’en montrant que l’autobiographie est un point de rencontre entre différentes écritures, pratiquées d’abord chacune de son côté, ils la caractérisent comme entreprise de totalisation.

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