Thèse soutenue

La preuve de concept comme outil de développement des capacités de générativité collective : modélisation, expérimentation et conditions de performance

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Auteur / Autrice : Caroline Jobin
Direction : Pascal Le MassonSophie Hooge
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences de gestion
Date : Soutenance le 24/03/2022
Etablissement(s) : Université Paris sciences et lettres
Ecole(s) doctorale(s) : Ecole doctorale SDOSE (Paris)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de gestion scientifique (Paris)
établissement de préparation de la thèse : École nationale supérieure des mines (Paris ; 1783-....)
Jury : Président / Présidente : Bérangère L. Szostak
Examinateurs / Examinatrices : Pascal Le Masson, Sophie Hooge, Cynthia Fleury
Rapporteurs / Rapporteuses : Sihem Ben Mahmoud Jouini, Jean-François Boujut

Mots clés

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Résumé

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Conçue dans les années 1960 à la NASA dans le contexte du programme Apollo, la preuve de concept – ou POC pour proof of concept en anglais – a connu un succès grandissant au fil des décennies auprès des praticiens de l’innovation. Davantage encore qu’à l’époque, le régime d’innovation contemporain requiert d’explorer collectivement l’inconnu. Les processus de conception se sont complexifiés : l’identité des objets et des collectifs sont rarement prédéterminés. Ils doivent être conçus collectivement et simultanément. Dans ce contexte, la thèse étudie comment la preuve de concept peut devenir un outil de développement des capacités de générativité collective. Tout d’abord, la recherche a confirmé par une étude généalogique que le POC était et est encore le symptôme d’un régime d’innovation se devant de fédérer et faire travailler ensemble des collectifs d’exploration. Ces collectifs comprennent des acteurs aux expertises et légitimités hétérogènes, souvent issus d’institutions variées. Le POC est un des rares outils de gestion permettant d’organiser l’exploration collective de l’inconnu. Il est particulièrement adapté à ces situations parce qu’il porte une double logique de preuve : une « preuve de connu », processus expérimental permettant de générer de nouvelles connaissances et de les valider (i.e., de les reconnaître collectivement comme vraies ou fausses) et une « preuve d’inconnu », processus expérimental permettant de générer de nouveaux concepts et de guider leur exploration (i.e., de nommer collectivement un inconnu interprétable). Ensuite, grâce à l’étude rétrospective de preuves de concept conçues et réalisées par l’agence de design les Sismo, la thèse a identifié qu’il existe différents arrangements entre preuve de connu et preuve d’inconnu et qu’une cohabitation est possible et bénéfique. De manière contre-intuitive, les travaux ont montré que plus la preuve de connu est recherchée et de qualité, plus elle permet de faire émerger de manière simultanée la preuve d’inconnu, et vice-versa. La question des compétences de l’expérimentateur ressort comme l’élément critique pour permettre cette cohabitation, et avoir un POC à fort pouvoir génératif. Enfin, la thèse propose une étude de cas longitudinale d’une preuve de concept conduite par la Chaire de philosophie à l’hôpital et les Sismo, qui portait explicitement une ambition de (plus forte) générativité. Ces travaux ont affermi l’hypothèse que le POC doit non plus seulement être étudié, et donc évalué, comme un outil de test d’un concept mais, également ou dorénavant, comme un outil de développement de capacités de conception collective. La recherche a également identifié des conditions de gouvernance critiques pour que ce changement de paradigme puisse s’opérer au profit de la société.