Thèse soutenue

Etude expérimentale et numérique du fluage d’irradiation des matériaux métalliques

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Nargisse Khiara
Direction : Yves BréchetFabien Onimus
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Matériaux, mécanique, génie civil, électrochimie
Date : Soutenance le 24/11/2021
Etablissement(s) : Université Grenoble Alpes
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Ingénierie - matériaux mécanique énergétique environnement procédés production (Grenoble ; 2008-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire d'Analyse Microstructurale des Matériaux (CEA, Saclay)
Jury : Président / Présidente : Alexis Deschamps
Examinateurs / Examinatrices : Steven, John Zinkle, Peter Hosemann, Ruth Schwaiger
Rapporteurs / Rapporteuses : Marc Legros, David Rodney

Résumé

FR  |  
EN

Pour les applications nucléaires, il est essentiel de comprendre les changements microstructuraux et mécaniques ayant lieu sous irradiation pour l’évaluation de la tenue à long terme ainsi que l’optimisation des matériaux de structure. Les effets d’irradiation sont complexes, impliquant la génération et agglomération de défauts ponctuels, mais aussi des réactions nucléaires comme la réaction (n,α) qui induit la formation d’hélium précipitant sous forme de bulles. Tous ces effets d’irradiation ont des conséquences sur le comportement macroscopique des matériaux en réacteur, se traduisant par exemple par de la fragilisation, du gonflement, ou du fluage d’irradiation. Le fluage d’irradiation est une déformation viscoplastique qui se produit sous chargement constant et sous irradiation. Celle-ci est particulièrement difficile à caractériser. Habituellement, les expériences de fluage d’irradiation sont réalisées sur des matériaux massifs en réacteur sous l’action combinée d’irradiation neutronique et de chargement mécanique. Cependant, de telles expériences présentent des inconvénients majeurs ; elles sont longues, coûteuses, et activent la matière. Par ailleurs, elles ne permettent pas une observation in-situ des mécanismes physiques sous-jacents.Afin de s’affranchir de ces difficultés, une alternative est d’irradier les matériaux par des ions lourds plutôt qu’avec des neutrons. En effet, les irradiations aux ions lourds n’induisent pas l’activation du matériau et nécessitent des temps d’irradiation plus courts, tout en reproduisant un dommage similaire à celui des neutrons. Cependant, des différences notables existent entre une irradiation aux ions et aux neutrons. Par exemple, les ions lourds pénètrent peu la matière (sur quelques centaines de nanomètres). De ce fait, l’épaisseur des échantillons doit être de cet ordre de grandeur.L’objectif de ce travail de recherche est de coupler des irradiations aux ions lourds et des essais micromécaniques avec de faibles épaisseurs d’échantillons. Les différentes expériences ont été réalisées sur des échantillons en cuivre qui est un matériau modèle largement étudié dans le domaine du nucléaire. Par ailleurs, afin de prendre en compte la génération d’hélium sous irradiation aux neutrons (qui n’a pas lieu sous irradiation aux ions), des échantillons de cuivre pré-implantés à l’hélium ont également été étudiés.La première méthode utilisée s’appuie sur des technologies novatrices de type MEMS développées à l’UCLouvain par l’équipe de Thomas Pardoen et Jean-Pierre Raskin. Ces technologies permettent de réaliser des essais mécaniques sur des éprouvettes micrométriques et d’extraire les contraintes et déformations dans le matériau. Les essais de fluage d’irradiation réalisés sur ces éprouvettes ont permis de déterminer que le fluage d’irradiation à moyenne et haute contrainte pouvait être décrit par une loi puissance avec un exposant de 4 en fonction du rapport de la contrainte appliquée et de la limite d’élasticité (σ/σ_y). Une loi de cette forme a été déterminée à la fois pour le cuivre pur, le cuivre irradié, et pour le cuivre implanté à l’hélium, ce qui démontre sa généralité. De plus, à partir de la forme de cette loi et de caractérisations microstructurales, il a été suggéré que les mécanismes sous-jacents sont basés sur le glissement des dislocations.Par ailleurs, afin d’avoir un accès direct aux mécanismes de fluages d’irradiation, des expériences in-situ de traction sous irradiation aux ions lourds ont été réalisées sur du cuivre pur dans un microscope électronique en transmission. Le glissement des dislocations assisté par l’irradiation a été observé à haute contrainte. En s’appuyant sur des considérations expérimentales et théoriques, il a été proposé que ce glissement était induit par les cascades de déplacements générées par l’irradiation. Ce nouveau mécanisme de fluage d’irradiation haute contrainte a ensuite été vérifié par des simulations de dynamique moléculaire.