L'Allemagne d'Angela Merkel face aux défis de la mondialisation et de la construction européenne : origines politiques et réalités économiques d'un dilemme allemand. (1998-2017)
Auteur / Autrice : | Pierre Baudry |
Direction : | Philippe Portier |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Sociologie |
Date : | Soutenance en 2021 |
Etablissement(s) : | Université Paris sciences et lettres |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale de l'École pratique des hautes études (Paris) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Groupe sociétés, religions, laïcités |
établissement opérateur d'inscription : École pratique des hautes études (Paris ; 1868-....) | |
Jury : | Président / Présidente : Patricia Commun |
Examinateurs / Examinatrices : Philippe Portier, Hans Stark, Daniel Bourmaud, Thierry Balzacq, Sylvie Toscer-angot | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Hans Stark, Daniel Bourmaud |
Mots clés
Résumé
La présente thèse de doctorat porte sur la politique européenne des démocrates-chrétiens allemands et dAngela Merkel pendant la crise de leuro. Nous cherchons dans la présente étude à comprendre les facteurs de long terme qui expliquent lattitude de lAllemagne pendant la crise économique de 2007/2008 et la crise de la monnaie unique qui a suivi à partir de 2010. Dans quelle mesure peut-on affirmer que lAllemagne na pas assumé ses responsabilités en Europe durant la crise de leuro ? Est-ce que la politique daustérité imposée à la Grèce nest pas un exemple de lapparente intransigeance allemande face aux pays du Sud de lEurope pourtant en difficulté durant la crise de leuro ? Lhypothèse que nous explorons consiste à partir du concept de dilemme de la mondialisation. Par cette notion, nous entendons le fait que les Etats-nations engagés dans la mondialisation sont confrontés à un dilemme. Soit ils acceptent un degré toujours plus important dintégration économique et politique au plan international et obtiennent un accès aux marchés internationaux et bénéficient des avantages de la coopération internationale. Soit les Etats rejettent la coopération internationale et ils cherchent à maintenir lessentiel de la décision politique au niveau de lEtat nation : ils peuvent espérer maintenir les institutions démocratiques nationales au risque de lisolement international. Lhypothèse directrice de la présente thèse est ainsi la suivante : la politique européenne de lAllemagne pendant la crise de leuro nest pas caractérisée par une stratégie « austéritaire » unilatérale ou par la volonté de soumettre la Grèce à une politique « ordolibérale » brutale. Elle consiste plutôt à limiter le coût politique et économique de lintégration européenne sans mettre en danger lavenir de leuro. Elle repose ainsi en des compromis entre le rejet des aides à la Grèce et à la zone euro et la volonté de sauver leuro afin de limiter le coût de la mondialisation. Dans un premier temps, nous cherchons à montrer que la politique allemande va depuis les années 1990 dans le sens dune adaptation grandissante à la mondialisation. Il y a un ainsi une volonté de sadapter à la mondialisation au sein de la CDU/CSU, mais aussi au sein du SPD dès les années 1990 et qui aboutit aux réformes libérales sous le chancelier Gerhard Schröder. Mais dans un deuxième temps, nous avançons que le dilemme de la mondialisation aboutit à un décalage grandissant entre cette adaptation à la mondialisation et le coût quelle induit au plan national. Le premier signal majeur dun rejet de ces politiques de démantelement de lEtat social tient à lapparition en 2007 dun parti populiste de gauche, Die Linke. Enfin, dans la dernière partie de la thèse, nous voulons montrer que le paysage politique allemand change ainsi dès les années 2000 et on constate lapparition de nouveaux partis « populistes » (Die Linke, Alternative für Deutschland), le recul des partis traditionnels (SPD, CDU/CSU) et le progrès des Verts. Ceci correspond au plan de la politique interne à lexpression dun nouveau clivage entre les « souverainistes » qui rejettent lintégration européenne et la mondialisation et les « cosmopolites » partisans de louverture économique et de lintégration dans la mondialisation. Le dilemme de la mondialisation travaille ainsi en profondeur lAllemagne contemporaine, et ce sans doute plus que le projet de soumettre la Grèce à un projet ordolibéral autoritaire.