Les expressions idiomatiques et métaphoriques incluant un lexème de couleur en anglais

par Brice Grouille

Projet de thèse en Lettres Linguistique

Sous la direction de Fabienne Toupin.

Thèses en préparation à Tours , dans le cadre de Sciences de l'Homme et de la Société depuis le 27-11-2017 .


  • Résumé

    Les expressions idiomatiques et métaphoriques dans lesquelles figure un lexème de couleur posent divers problèmes d’analyse en linguistique. Cette thèse se propose de les étudier sous trois angles linguistiques : syntaxique, sémantique et pragmatique. Au niveau syntaxique, l’objectif sera d’établir une typologie précise de ces constructions – c’est-à-dire d’établir une liste des « patrons » principaux –, puis d’aborder le point ambigu de leur complémentation verbale. En effet, dans ces constructions du type to see red, to feel blue, to be yellow, on trouve des structures attributives où la présence de ce qui s’apparente à un adjectif n’est pas incongrue, puisqu’il amène une information sur l’état du référent. Mais apparaissent aussi des cas où le verbe semble bien plutôt relever d’un sémantisme de l’action (le verbe semble être un verbe de processus – dynamique), et où l’on peut donc s’interroger sur la valeur de l’unité qui le complète : est-elle de nature nominale, adjectivale ? Comment se fait-il que sa nature syntaxique puisse ne pas coïncider avec son fonctionnement, celui-ci s’apparentant plutôt à celui d’un adverbe, du fait de la modification sémantique apportée au procès, et non au sujet ? (Gross 1996) Ces structures peuvent être considérées, tant sémantiquement que syntaxiquement, comme libres ou figées : c’est-à-dire que leur sens surgit de l’ensemble appréhendé comme bloc indivisible, ou naît de l’interaction des constituants qui les composent, par une opération de métaphore. Le volet sémantique de cette thèse s’intéressera au traitement de ces structures comme libres, où l’interaction des unités est porteuse de sens, et l’opération de métaphore essentielle. L’objectif sera donc de procéder à une analyse sémantique de ces constructions en étudiant la façon dont les composants interagissent et génèrent le sens de l’ensemble (Le Guern 1973). Afin de permettre cette analyse, nous procéderons parfois à un défigement de ces structures normalement considérées comme figées – quoique la question fasse débat : qui sait si chaque locuteur les connaît et y attache leur sens conventionnel ? (Tamba 2011) En outre, si ces expressions sont majoritairement perçues comme contraintes syntaxiquement et sémantiquement, notre démarche se justifie du fait que nombre d’entre elles sont historiquement héritées de combinaisons libres (Diaz 1983). Le dernier volet de cette thèse portera sur la dimension pragmatique de l’analyse de ces structures. Nous nous interrogerons sur leur qualité d’actes de langage indirects – puisque leur sens littéral dévie de leur signification, du fait des métaphores qui ces structures contiennent – et sur leur valeur illocutoire (Searle 1982). De surcroît, les aspects sémantique et pragmatique de cette thèse se rejoignent sur deux points. Tout d’abord, en ce qui concerne l’interprétation de ces expressions : notre hypothèse est que selon les contextes d’apparition de ces structures et les connaissances des locuteurs au sujet de leur langue, une interprétation compositionnelle ou conventionnelle sera privilégiée – on aurait donc tort de considérer ces structures comme immuables et nécessairement reconnues comme des blocs de sens, en témoignent les exemples de défigements ludiques exécutés par les locuteurs. Puis, par l’interaction des trois angles linguistiques choisis, il s’agira de faire émerger une proposition d’appariement de la double nature du signe (Récanati 1979) à la métaphore. Celle-ci, dans les structures qui occupent notre étude, peut-être à la fois opaque et transparente : la métaphore se joue soit entre les constituants, soit se présente elle-même comme métaphore dans un bloc indivisible de sens. Le dernier objectif de cette thèse est donc de présenter une tentative de réconciliation des sens compositionnel et conventionnel au travers de cette double articulation métaphorique.


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