Projet de thèse en Histoire
Sous la direction de Martine Clouzot et de Stefan Wirth.
Thèses en préparation à Bourgogne Franche-Comté , dans le cadre de SEPT - Sociétés, Espaces, Pratiques, Temps , en partenariat avec ARTEHIS - ARchéologie, TErre, HIstoire, Sociétés (laboratoire) depuis le 01-10-2014 .
Depuis les vestiges de la préhistoire jusqu'aux instruments issus des collections contemporaines, les flûtes s'illustrent tout particulièrement par leur capacité à nous émouvoir autant qu'à nous désorienter. Afin de se saisir de toute la complexité que représente l'étude du son des flûtes archéologiques en os, le choix fut ici de tenter une approche par la pratique afin de provoquer une forme d'imprégnation physique des problématiques de la manufacture du son dans le but d'en comprendre les règles et les contraintes. Plus précisément, l'approche de ce travail puise son élan dans la volonté de contribuer à l'élaboration d'un procédé d'étude et d'enregistrement de ces vestiges qui soit en accord tant avec la vision des archéologues qu'avec celle des artisans luthiers. La démarche de cette recherche consiste ainsi en une approche à sens inverse : partir des vestiges étudiés et des difficultés qu'ils opposent aux chercheurs, puis, à l'aide de l'approche matérielle et concrète du savoir-faire artisanal, remonter le courant jusqu'à questionner l'objet théorique et son épistémologie, avant de revenir sur les vestiges et leurs modalités d'étude, notamment à travers une investigations des problématiques soulevées par les procédés de copie. L'étude de terrain auprès de l'artisan, ainsi que les expérimentations méthodologiques menées dans le cadre de cette recherche, ont permis d'illustrer la manière dont les inconnues, nombreuses, s'entremêlent, se cumulent et s'altèrent en réponse aux choix et aux actions du chercheur, nous amenant ainsi à un constater que la nature sonore et musicale de ces vestiges demeure inaccessible quelle que soit la méthode employée pour en interroger les sons et les sonorités. Les élaborations méthodologiques résultant de ce travail (framework et base de donnée sous-jacente) ont été construites à partir de ces constats afin de demeurer au plus proche des problématiques respectives des archéomusicologues ainsi que des spécialistes des instruments de musique et de la facture instrumentale. Tous les efforts ont été placés dans la conception d'une démarche de caractérisation sonore du vestige plutôt que d'expérimentation de ses potentielles sonorités, tout en laissant la liberté de consigner les résultats d'éventuelles études sonores le cas échéant. Cette recherche espère aussi contribuer, à sa mesure, à développer et approfondir l'approche pluridisciplinaire de l'archéomusicologie.
Sounds and tones of archaeological bone flutes : concerning methodology and the use of replicas in archaeomusicology
From prehistorical artifacts to modern collections, flutes seem to be this kind of objects which are able to make us somewhat confuse and emotional. In order to grasp the complexity of archaeological bone flutes' sound-studies, the choice we made here was to attempt a practical approach in order to understand the rules and constraints of sound-making by enabling a physical impregnation of the specific problematics of craftsmanship. More specifically, this work aims to contribute to the elaboration of a process for studying and recording archaeological bone flutes in a way that would fit both a craftsman and an archaeologist's points of view. In order to do so, this work is thus designed in a reverse approach : starting with the archaeological remains themselves alongside with the challenges and difficulties encountered by researchers, then going upstream in order to question the theoretical object and its epistemological aspects, and going back to the archaeological remains of bone flutes for methodological investigations by questioning the potential impact of studying copies. The field study made with the collaboration of a craftsman, as well as the methodological experimentations conducted during this research, have lead to the conclusion that the musical and sound aspects of those instruments remain out of our reach : too many variations seem to aggregate and interact in response of the researcher's choices and actions for any data to be considered solely representative as is. Further methodological designs (both the framework and the database underlying it) have been constructed in regard to these conclusions, aiming toward the identification of sound attributes instead of the experimentation of it's possible sounds and tones themselves. This research hopes to contribute, in its own way, toward the development of multidisciplinarity in archaeomusicology.