Thèse en cours

Presse, pouvoir, représentation : le libéralisme et son aspiration à la liberté de l’expression écrite (1814-1830)

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Auteur / Autrice : Simon Pelletier
Direction : Frédéric BrahamiGuillaume Pinson
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Philosophie
Date : Inscription en doctorat le 31/12/2017
Etablissement(s) : Paris, EHESS en cotutelle avec Université Laval (Québec, Canada)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales

Résumé

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Cette thèse plonge dans l’intense débat sur la liberté de la presse qui traverse toute la Restauration française (1814-1830). Plus précisément, elle montre qu’à travers sa quête pour instituer et défendre la liberté de presse, le libéralisme aspire à modifier radicalement la nature du pouvoir. En ce sens, la liberté de la presse représente bien plus pour lui qu’un droit individuel ; il s’agit aussi d’un moyen de bouleverser la manière dont le pouvoir représente, se représente et se laisse représenter. Dans un premier temps, cette thèse se penche sur une période de fécondité du libéralisme, pendant laquelle celui-ci érige des institutions conformes à ses principes. Elle reconstitue le dialogue entre plusieurs figures majeures de ce courant, particulièrement Benjamin Constant et François Guizot. Ce dialogue culmine dans l’adoption des célèbres lois de Serre de 1819. Il s’agit d’expliquer l’action du libéralisme en recourant à sa pensée. Dans un second temps, cette recherche se penche sur la période qui succède à l’adoption de ces lois, quand le libéralisme se retrouve placé malgré lui en position de résistance. Elle démontre que son action dépasse alors sa pensée. Pendant la décennie 1820, en effet, de nombreux journalistes libéraux s’approprient l’idéal de transparence des institutions énoncé pendant le débat parlementaire sur les lois de Serre. Cette réappropriation donne lieu à l’adoption de pratiques scripturales que n’avaient pas envisagé les principaux écrivains de ce courant, pratiques qui présagent étonnamment le visage futur de la profession. Le genre du compte rendu parlementaire se révèle ici de première importance : à travers lui se remarque l’ambition journalistique de creuser en deçà des apparences, de déjouer la duplicité inhérente au jeu politique. Cette ambition contamine d’ailleurs jusqu’aux plus humbles publications littéraires, qui à la fois pastichent et réinventent le genre du compte rendu. Avec la presse, la scène politique se montre désormais quotidiennement, à travers une narration des événements qui tend à ôter à ses principaux acteurs la maîtrise de leur apparaître.