Thèse en cours

De la picturalité à la musicalité : le rythme du pittoresque dans les romans gothiques britanniques du XIXè siècle
FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Lucie Ratail
Direction : Lawrence Gasquet
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Langues et linguistiques
Date : Inscription en doctorat le 22/09/2017
Etablissement(s) : Lyon 3
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Lettres, langues, linguistique, arts (Lyon)

Résumé

FR

Les romans gothiques regorgent de références au pittoresque, mouvement esthétique développé de la fin du XIIIème à la fin du XIXème siècle. Initié par l’étude de l’image, le pittoresque a influencé de nombreux genres et courants artistiques subséquents au XVIIème siècle, introduisant la courbe comme élément central de toute considération esthétique, et la glorification de la nature sans artifice comme épitome de beauté. En épousant le roman gothique, le pittoresque a toutefois pris une autre dimension, qui peut être celle du contrepoint d’un récit sombre et effrayant, d’un pendant esthétique à la brutalité et à la laideur des faits narrés. Ce mouvement pendulaire entre nature et contre-nature, entre paysage et personnage, révèle l’aspect éminemment binaire de ce genre littéraire. Néanmoins le rythme du pittoresque ne se limite pas à la binarité ; il s’agit d’une orchestration fine d’images, d’idées et de sons agissant de concert pour donner un contexte propice à l’effroi arythmique de la narration gothique. Le rythme dans toutes ses variations (syntaxique, sonore, architectural) se révèle particulièrement important dans l’étude des romans gothiques, tant sa justesse est nécessaire au bon fonctionnement de la narration, permettant au lecteur d’expérimenter de manière empirique ce qui lui est exposé dans la fiction. Le rythme syntaxique (l’architecture du texte) a une influence toute particulière sur les sensations et sentiments éprouvés par le lecteur, et avec l’évolution du genre au cours du XIXème siècle ceux-ci sont exacerbés grâce à une plus grande maîtrise de l’alternance entre description de la nature et récit de l’histoire de la part des romanciers. De même, le rythme sonore (voire le rythme musical) prend une nouvelle dimension en fin de période, par l’ajout progressif d’une multitude de sons et l’agencement de bruits variés permettant l’installation d’un contexte effrayant et gothique au récit. La syncope ou le rythme avorté s’imposeront de ce fait comme motifs créatifs les plus prégnants, tant ils déstabiliseront le lecteur, rendant plus propices les émotions visées par le narrateur. La ruine étant un motif essentiel au pittoresque et au gothique, le rythme syncopal en architecture participe également à la création de cette atmosphère si caractéristique. Ainsi, l’étude du pittoresque (et plus particulièrement de son aspect éminemment rythmique) dans les romans gothiques permettra de mettre en exergue tous les mécanismes internes au récit gothique et leur lien intrinsèque à une période où beauté et sublime vont de pair ; une époque où tout art prend pour principe l’exaltation des sens et le lâcher-prise empirique pour exemple.