Transhumanisme(s) : étude des représentations de ses acteurs

Sociology of Transhumanism : understanding the stakes of transhumanism through the study of the representatives of its actors

• Auteur / Autrice : Marouane Jaouat
• Direction : Michelle Dobré
• Type : Thèse de doctorat
• Discipline(s) : Sociologie, démographie
• Date : Soutenance le 02/06/2023
• Etablissement(s) : Normandie
• Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Homme, sociétés, risques, territoire (Rouen)
• Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre d'étude et de recherche sur les risques et les vulnérabilités (Caen ; 2004-....)
• Partenaire(s) de recherche : établissement de préparation : Université de Caen Normandie (1971-....)
• Jury : Président / Présidente : Jean-Gabriel Ganascia
• Jury : Examinateurs / Examinatrices : Jean-Gabriel Ganascia, Raphaël Liogier, Louise Vandelac, Frédérick Lemarchand, Gaël Dias
• Jury : Rapporteurs / Rapporteuses : Raphaël Liogier, Louise Vandelac

Mots clés

Mots clés contrôlés

École de Chicago (sociologie)

Déviance

Technologie et arts

Changement social

Intelligence artificielle

Transhumanisme

Transhumanisme

Mots clés libres

Identité transhumaniste

Itinéraire moral

Transhumanism

Representations

Technology

Transhumanist identit

Artificial intelligence

Moral itinerary

Arts

Résumé

La présente thèse explore l’histoire, la philosophie et les différentes mouvances du transhumanisme, ainsi que les représentations que les acteurs du mouvement ont de la technologie (et ses effets), de l’humain (et son avenir) et de la mort (et la vie). Cette recherche se situe dans un contexte où le transhumanisme a gagné (et continue de gagner) en popularité ces deux dernières décennies. En témoigne une production éditoriale abondante comprenant des livres, des essais, des romans, des performances artistiques, des rapports, des forums, des séminaires et des colloques universitaires.L’objectif premier de cette thèse est de comprendre les motivations et les valeurs sous-jacentes aux transhumanismes, de s’immerger dans cet univers fait d’une constellation de mouvances et d’une nébuleuse de concepts de symboles. L’enquête menée adopte une méthodologie qualitative au travers d’entretiens semi-directifs, d’observations d’analyses documentaires et d’explorations numériques, visant à ressortir des représentations pour ensuite les analyser et les catégoriser. En effet, nos résultats montrent que les transhumanistes ont une représentation particulière de l’humain, de la technologie et de la mort, qui peut faire système et qui varie selon quatre courants principaux : l'extropianisme, le technoprogressisme, le singularitarianisme et le transhumanisme religieux.Nous avons ensuite procédé à l’analyse de l’identité transhumaniste et de « l’itinéraire moral » des acteurs en identifiant les facteurs susceptibles d’influer sur leurs choix et leurs engagements. Nous avons également étudié le transhumanisme comme « déviance », c’est-à-dire comme stigmatisation que peut subir une personne du fait de son appartenance transhumaniste, en identifiant l’existence d’une « étiquette transhumaniste » qui pèse sur son porteur (personne ou institution) et le somme de déployer des stratégies sociales bien définies (assumer, changer de nom ou cacher son affiliation transhumaniste).En somme, le transhumanisme est d’abord et avant tout un discours qui n’implique pas une pratique personnelle bien déterminée (contrairement aux biohackers et aux cyborgartistes). Un discours qui s’impose comme un nouveau paradigme, voire une alternative qui entend se donner les moyens techniques de résoudre techniquement les maux de l’humanité. Le transhumanisme interpelle ainsi les institutions tant étatiques que privées, ainsi que chaque individu, sur les implications éthiques et sociales de l’augmentation technologique de l'homme, de la transformation de ses limites biologiques et du caractère brutal du monde qui vient. Les percées constantes dans le domaine de l'intelligence artificielle, un volet majeur de l’agenda transhumaniste, confirment les premières prospections transhumanistes et laissent entrevoir un monde nouveau où l’Intelligence Artificielle Générale pourrait avoir un impact massif sur le monde tel que nous le connaissons à ce jour.

This thesis explores the history, philosophy, and various movements within transhumanism, as well as the representations that actors within the movement have of technology (and its effects), humanity (and its future), and death (and life). The research is situated in a context where transhumanism has gained (and continues to gain) popularity over the past two decades. This is evidenced by a wealth of publications including books, essays, novels, artistic performances, reports, forums, seminars, and academic conferences.The primary objective of this thesis is to understand the motivations and underlying values of transhumanism, to immerse oneself in the transhumanist universe, which consists of a constellation of movements and a nebula of concepts and symbols. The investigation follows a qualitative (empirical-inductive) methodology through semi-structured interviews, documentary analysis, and digital exploration, aiming to identify and categorize representations. Our results show that transhumanists have a particular representation of humanity, technology, and death, which can form a system and vary according to four main trends: extropianism, technoprogressism, singularitarianism, and religious transhumanism.We then proceed to analyze the transhumanist identity and the "moral itinerary" of actors by identifying the factors that may influence their choices and commitments. We also study transhumanism as "deviance," meaning the stigmatization that a person may face due to their transhumanist affiliation, by identifying the existence of a "transhumanist label" that weighs on its bearer (person or institution) and forces them to adopt specific social strategies (such as claiming, changing names, as well as conceiling their transhumanist affiliation).In summary, transhumanism appears primarily as a discourse that does not imply a well-defined personal practice (unlike biohackers and cyborg artists). It is a discourse that presents itself as a new paradigm, even an alternative that provides technical means to solve the problems of humanity. Transhumanism thus challenges both state and private institutions, as well as every individual, regarding the ethical and social implications of technological augmentation of humans, the transformation of their biological limits, and the harshness of the coming world. The constant breakthroughs in the field of Artificial Intelligence, being only on aspect of the transhumanist agenda, confirms the early transhumanist prospections and hints at a brave new world where Artificial General Intelligence could have a massive impact on the world as we know it so far.