Thèse soutenue

Communication gestuelle et multimodale chez les mangabeys à collier (Cercocebus torquatus)

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Juliette Aychet
Direction : Catherine Blois-HeulinAlban Lemasson
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Neurosciences, éthologie
Date : Soutenance le 14/12/2020
Etablissement(s) : Rennes 1
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Biologie-Santé (Nantes)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Éthologie animale et humaine (Rennes ; Caen ; 1996-....)

Résumé

FR  |  
EN

Ce travail s’inscrit dans l’étude des origines évolutives du langage, par la recherche de propriétés langagières dans la communication gestuelle et multimodale de primates cercopithécidés en captivité, les mangabeys à collier. Par une double approche observationnelle et expérimentale, nous avons montré que les gestes des mangabeys remplissent les critères de définition d’une communication intentionnelle, et peuvent être produits de manière flexible dans différents contextes. Nos observations fournissent également de premiers éléments en faveur d’une intentionnalité des expressions faciales des cercopithécidés, souvent considérées comme de simples indices d’état émotionnel. Cette propriété sociocognitive langagière pourrait ainsi être plus ancienne que ce que nous pensions dans l’histoire évolutive des primates, et être héritée de la communication gestuelle des ancêtres des catarrhiniens, il y a environ 29 millions d’années. De plus, nous avons mis en évidence un effet significatif du contexte interactionnel sur la latéralité gestuelle des mangabeys, suggérant une importance particulière de facteurs sociaux dans l’émergence d’une spécialisation hémisphérique pour la communication intentionnelle, dont le langage humain. Enfin, par une méthode originale, reposant sur des analyses de séquences et de réseau, nous avons décrit la communication multimodale et multicomposante des mangabeys à collier, et montré qu’ils combinent de manière flexible différents types et modalités de signaux en fonction du contexte et de facteurs sociodémographiques. Nos résultats soulignent l’importance d’une approche multimodale pour comprendre la complexité de la communication des primates, et apportent de premier éléments de compréhension sur la fonction des combinaisons de signaux. De futures comparaisons à d’autres espèces et dans différents environnements pourraient permettre d’affiner nos connaissances quant aux possibles contraintes évolutives ayant favorisé une telle complexité de la communication des primates humains et non-humains.