Projet de thèse en Littératures française et francophone
Sous la direction de Serge Martin.
Thèses en préparation à Paris 3 , dans le cadre de École doctorale Littérature française et comparée (Paris) , en partenariat avec Théorie et histoire des arts et des littératures de la modernité (Paris) (laboratoire) depuis le 28-11-2017 .
Entrer dans les poèmes par le concept de voix, c’est s’engager dans une poétique de l’écoute au plus près des corps : corps écrivant, oralisant, performant, traduisant, corps du lecteur, du spectateur. Dès lors qu’on entreprend de déconstruire la métaphore de la voix et d’en observer les modalités de passage, on révèle les liens décisifs qui existent entre le langage comme force physique et la poétique comme éthique et politique. Le concept de passage de voix produit des leviers critiques qui impliquent d’autres déconstructions, rebattant les cartes de nombreux dualismes qui empêchent le plus souvent d’apercevoir l’activité relationnelle du langage, au premier rang desquels l’opposition entre oral et écrit. Envisager les voix non telles des signatures, comme le font souvent la stylistique ou l’histoire littéraire, mais comme des processus, c’est écouter des rythmes de subjectivations dont l’énergie se déploie depuis la vie énonciative du langage, avec leur valeur transformatrice voire émancipatrice. Cela implique des découvertes sur notre conception des lieux et de la temporalité, non comme des catégories thématiques ou ontologiques mais anthropologiques. Questionnant des textes théoriques ayant à cœur d’explorer les enjeux conceptuels de la voix, du rythme, du sujet (Meschonnic, Martin, Rabaté, Dessons, Bernadet), et en s’appuyant sur un corpus principal composé des œuvres protéiformes des poètes français contemporains Stéphane Bouquet, Christophe Manon et Frank Smith (textes, performances, vidéos), la thèse explore trois grandes modalités des passages de voix, en définit les enjeux et les effets : mouvements de diffraction, de spatialisation, de présentation.
Voice passages, an essay in poetic anthropology, based on the works of Stéphane Bouquet, Christophe Manon and Frank Smith
To enter poems through the concept of voice is to engage in a poetics of listening intently to bodies: the bodies which write, speak aloud, perform and translate, as well as the bodies of the reader and the spectator. When we undertake to deconstruct the metaphor of the voice and observe its forms of passage, we discover the decisive links that exist between language as a physical force and poetics as ethics and politics. The concept of the passage of voice gives rise to critical levers which involve other deconstructions, thereby changing the way we think about many dualisms. These latter usually prevent us from perceiving the relational activity of language, foremost among which is the opposition between oral and written language. To consider voices not as signatures – as stylistics or literary history often do – but as processes is to listen to the rhythms of subjectivations whose energy unfolds from the enunciative life of language, with their transformative or even emancipatory value. This implies discoveries about our conception of places and temporality, not as thematic or ontological categories, but as anthropological ones. This thesis explores three main forms of voice passages and sets out their issues and effects: movements of diffraction, spatialisation and presentation. To do so, it questions theoretical texts which focus on investigating the conceptual issues of voice, rhythm and subject (Meschonnic, Martin, Rabaté, Dessons, Bernadet), based on a main corpus (in the form of texts, performances and videos) made up of the protean works of the contemporary French poets Stéphane Bouquet, Christophe Manon and Frank Smith.