Temps et temporalités entre peinture et littérature artistique dans la Lombardie du Cinquecento

par Roxane Poullard

Thèse de doctorat en Études italiennes

Sous la direction de Corinne Lucas et de Enrico Mattioda.


  • Résumé

    Tandis que l’espace bénéficie d’un développement séculaire depuis les débuts de l’histoire de la peinture, le temps et les temporalités associées sont plus rarement abordés. Dans les études récentes et peu nombreuses sur le temps dans les arts, les peintres du milieu lombard de la Renaissance sont laissés de côté. Le naturalisme lombard du Cinquecento semble pourtant se prêter à une telle approche. Correspondant au duché de Milan et à la partie Ouest de la République de Venise de l’époque, cette aire culturelle réunit les foyers créatifs très liés entre eux, de Milan, Brescia et Crémone. Alors que Milan, centre névralgique des échanges, avait accueilli le toscan Léonard de Vinci, modèle incontournable pour deux générations de Léonardesques attachés à la peinture d’après nature, Brescia développait la veine luministe initiée par Vincenzo Foppa, précurseur des peintres lombards. Parmi eux, Luca Mombello, élève de Moretto, est apparu comme l’un des principaux protagonistes en matière d’exploration du temps dans l’image. Quant à Crémone, fief des Campi, ses relations étroites avec la capitale lombarde et les ateliers de Brescia en faisaient un centre tout aussi impliqué dans ces problématiques. Partant des temporalités matérielles auxquelles étaient soumis la formation et le travail des artistes, notre étude se propose d’étudier la naissance de la question épineuse de la représentation du temps en peinture dans une période propice d’ouverture scientifique et de fort développement du collectionnisme. Entre mouvement et lumière, ce “terribil soggetto” retient aussi l’attention de lettrés comme le chanoine Gregorio Comanini, dans son dialogue Il Figino sur la finalité de la peinture en 1591, quelques temps après les deux traités sur la peinture du théoricien milanais Giovanni Paolo Lomazzo.

  • Titre traduit

    Time and temporalities between painting and artistic literature in Cinquecento’s Lombardy


  • Résumé

    While space has benefited from a secular development since the early days of art history, time and correlated temporalities have more seldomly been addressed. Painters from the Lombard milieu of the Renaissance have been left out from the few recent studies focusing on time in art. Yet, Lombard naturalism of the Cinquecento seems conducive to such an analysis. Akin to the Duchy of Milan and to the western part of the Republic of Venice of the time, this cultural area gathers the three creative and closely connected centres of Milan, Brescia and Cremona. When Milan – the hub of trade – was welcoming the Tuscan Leonardo Da Vinci – the canonical model for two generations of Leonardeschi painters who found inspiration in nature – Brescia was developing the luminist style, initiated by Vincenzo Foppa, the leader of the Early Lombard School. Amongst these Brescian painters, Moretto’s pupil Luca Mombello, have emerged as the main protagonists regarding the study of time. As for Cremona, home of the Campi, its close relationship with the capital of Lombardy and Brescia’s workshops made it an equally important centre. Starting from the material temporalities tangibly experienced by the artists, our study focuses on the emergence of the delicate question that is the depiction of time, at an opportune moment of scientific open-mindedness as well as the beginnings of collecting. Between movement and light, this “terribil soggetto” would end up holding the attention of the canon Gregorio Comanini who published – sometime after the Milanese theoretician Giovanni Paolo Lomazzo’s two treatises on painting – his dialogue Il Figino, dealing with the finality of 1591 painting.