Les "búcaros" mexicains : production, consommation et représentation dans l'Empire hispanique

par Sofia Navarro Hernandez

Projet de thèse en Histoire et civilisations

Sous la direction de Jean-Paul Zuniga.

Thèses en préparation à Paris, EHESS , dans le cadre de École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales depuis le 27-11-2017 .

  • Titre traduit

    Mexican "búcaros" : production, consumption and representation in the Hispanic Empire


  • Résumé

    Ce projet de thèse adopte les perspectives de l’histoire sociale et de l’histoire de l’art pour étudier un type d’objet, les « búcaros de Indias » produits au Mexique pendant la période coloniale. Ces récipients céramiques, fabriqués enterre cuite, sont caractérisés par leur couleur rouge brique, un éclat extérieur obtenu grâce au polissage manuel et non à un vernis à plomb, et une surface intérieure poreuse. Le plus souvent très sobres, présentant uniquement quelques décorations en relief, ils ont également été produits comme objets d’apparat dotés d’une iconographie très riche et agrémentés de métaux précieux. Dans le contexte du Siècle d’or hispanique, ils semblent avoir provoqué une fascination qui transparait dans différents types de sources : correspondances et inventaires après décès, traités de médecine, mais également comédies de Lope de Vega ou tableaux de Zurbarán. Car leurs usages sont multiples et sollicitent plusieurs sens ; ils sont appréciés pour leur capacité à rafraichir l’eau qu’ils contiennent, mais aussi pour le parfum qui s’en dégage lorsqu’ils exhalent –grâce à leur porosité– une sorte de vapeur, et surtout pour le goût d’argile qu’ils donnent aux liquides. D’après les textes de l’époque, certains s’adonnent même à la pratique d’en manger des morceaux réduits en poudre, provoquant des « opilations » (obstructions intestinales) qui confèrent une certaine pâleur mais sont également à l’origine de fortes hallucinations. L’histoire des búcaros telle qu’elle a été écrite par les historiens qui s’y sont intéressés est surtout celle de ses consommateurs, en particulier européens, ce qui en fait un récit de références liées à la vie de cour, au luxe et au plaisir. Pourtant, l’histoire de ces objets est aussi celle de ses producteurs, des enjeux de l’accès à cette matière à la fois banale et précieuse qu’est l’argile, et plus largement des conflits liés à la répartition des terres dans le Mexique colonial. L’objectif de ce projet est donc de tracer le parcours de ces búcaros, depuis les conditions de travail des artisans dans la ville de Tonalá et dans la région du bassin de Mexico jusqu’à leur représentation dans les natures mortes italiennes ou les poèmes de sor Juana Inés de la Cruz, en passant par leurs usages dans différents points de l’Empire hispanique.


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