Thèse soutenue

Exposition aux particules ultrafines et au carbone suie des chauffeurs de taxi : déterminants de l’exposition et impact sur la santé respiratoire (Projet PUF-TAXI)
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Auteur / Autrice : Mélissa Hachem
Direction : Isabelle MomasNadine Saleh
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Épidémiologie
Date : Soutenance le 24/11/2020
Etablissement(s) : Université Paris Cité en cotutelle avec Université Libanaise
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Pierre Louis de santé publique : épidémiologie et sciences de l'information biomédicale (Paris ; 2000-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de Recherche Epidémiologie et Statistique Sorbonne Paris Cité
Jury : Président / Présidente : Isabella Annesi-Maesano
Examinateurs / Examinatrices : Isabella Annesi-Maesano, Irina Guseva Canu, Gérard Lasfargues, Olivier Le Bihan
Rapporteurs / Rapporteuses : Irina Guseva Canu, Gérard Lasfargues

Résumé

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Contexte. La qualité de l’air dans l’habitacle du véhicule est une préoccupation majeure des professionnels de la conduite en raison du temps considérable passé dans l’automobile et à proximité des émissions du trafic routier. Les particules ultrafines (PUF) et le carbone suie (black carbon, BC) sont de plus en plus évoqués pour leurs effets potentiels sur la santé respiratoire ; toutefois de nombreuses interrogations persistent. Objectifs. (1) Quantifier les concentrations des PUF, du BC, du dioxyde d’azote (NO₂) et du monoxyde de carbone (CO) dans l’habitacle de taxis, en région parisienne, et des PUF et du BC dans l’habitacle de taxis à Beyrouth ; (2) identifier les déterminants de ces concentrations liés aux modalités d’exercice et (3) dans l’étude francilienne, étudier l’association à court terme entre l’exposition aux PUF et au BC dans l’habitacle des taxis et les symptômes d’irritation des muqueuses (nez, gorge, yeux) ainsi que la variation de la fonction respiratoire au cours d’une journée de travail des chauffeurs de taxi. Méthodes - volet expologique. L’évaluation de l’exposition de 50 chauffeurs de taxi en région parisienne pendant 499 trajets s’est déroulée entre février 2019 et janvier 2020 tandis qu’une étude pilote a été menée au Liban entre mai et août 2019 auprès de 20 chauffeurs de taxi. Les concentrations des PUF, du BC complétées par celles du CO, du NO2, des paramètres d’ambiances et des données spatio-temporelles issues d’un GPS à Paris, ont été mesurées par des capteurs portatifs en continu dans les taxis. Les caractéristiques des véhicules et des trajets réalisés ont été recueillies par des auto-questionnaires. Les déterminants des concentrations des polluants ont été identifiés par des modèles multivariés (Generalized Estimating Equation et régressions linéaires multiples). Volet épidémiologique – Dans l’étude francilienne, après un examen clinique d’inclusion, les chauffeurs de taxi ont effectué, parallèlement à l’évaluation de leur exposition, deux mesures spiromètriques en début et en fin de poste et relevé les symptômes ressentis et leur intensité durant la journée de travail. Des modèles multivariés ont été utilisés pour étudier l’association entre les indicateurs d’exposition et l’irritation des muqueuses et les performances ventilatoires, en tenant compte des facteurs de confusion/d’interaction potentiels. Résultats - volet expologique À Paris, les concentrations dans les taxis étaient de l’ordre de 30 ± 19 x103 particules/cm3 pour les PUF, de 3 ± 1 μg/m³ pour le BC, de 231 ± 307 μg/m³ pour le NO2 et de 488 ± 949 μg/m³ pour le CO. À Beyrouth, les concentrations des PUF dans les taxis étaient de 35 ± 17 x103 particules/cm3 et du BC de 5 ± 2 μg/m³. Trois grands types de déterminants des concentrations des polluants à l’intérieur des taxis ont été identifiés : les facteurs ambiants affectant BC, NO2 et CO ; les caractéristiques des véhicules affectant tous les polluants et les caractéristiques des trajets affectant PUF, BC et CO. Volet épidémiologique La concentration des PUF dans les taxis a été associée à la fois à une augmentation de la survenue de symptômes d’irritation nasale et à une diminution des performances respiratoires des chauffeurs franciliens, au cours de leur journée de travail. Aucune association n’a été mise en évidence avec le BC. Les symptômes d’irritations de la gorge et des yeux dépendent de la qualité de l’air ambiant et de l’humidité à l’intérieur du véhicule, respectivement. Conclusion. En termes de connaissances, ce travail contribue à mieux comprendre l’exposition aux polluants d’origine automobile dans l’habitacle des véhicules et l’association à court terme des concentrations des PUF avec la santé respiratoire. D’un point de vue opérationnel, ce travail débouche sur des recommandations pratiques afin de minimiser l’exposition aux polluants dans l’habitacle des véhicules, aussi bien pour les professionnels de la conduite que pour tous les automobilistes.