Thèse soutenue

Trois essais sur la gestion des externalités spatiales : Invasions biologiques, épidémies de la plante et épidémies humaines

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Auteur / Autrice : Cesar Martinez
Direction : Pierre CourtoisCharles Figuières
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences économiques
Date : Soutenance le 17/12/2021
Etablissement(s) : Montpellier, SupAgro
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Economie Gestion de Montpellier
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre d'Économie de l'Environnement - Montpellier (Montpellier)
Jury : Président / Présidente : Nicolas Quérou
Examinateurs / Examinatrices : Pierre Courtois, Charles Figuières, Nicolas Quérou, Jean-Christophe Pereau, Katheline Schubert, Arnaud Rault, Raouf Boucekkine
Rapporteurs / Rapporteuses : Jean-Christophe Pereau, Katheline Schubert

Résumé

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Avec la croissance des échanges mondiaux, les dommages économiques liés aux espèces invasives ne cessent de s'intensifier, de même, comme en témoigne la pandémie de Covid-19, que les menaces liées aux maladies infectieuses émergentes. Cette thèse porte sur la gestion des maux publics biologiques. Ces derniers se caractérisent par des dynamiques de populations associées à des mécanismes de propagation et de contagion et produisent des externalités spatiales. L'objet de la thèse est de faire progresser notre compréhension de la gestion de ces externalités. Trois articles scientifiques sont proposés et se déclinent dans la thèse en trois chapitres.Nous nous intéressons d'abord au problème de l'optimisation de l'allocation d'un budget limité pour la gestion spatiale d'une espèce invasive. Pour ce faire, un modèle bioéconomique est construit et calibré à partir de données de terrain concernant la gestion d'une plante invasive, la Jussie (Genus Ludwigia) dans le parc naturel régional de la Brière. En s'appuyant sur des données d'inventaire sur la période 1999-2019, nous calibrons un modèle de dispersion interannuelle, ainsi qu'un modèle de coûts de gestion spatialisés. L'utilisation des données d'une expérience de choix discret nous permet de calibrer un modèle sur les bénéfices spatialisés de la gestion. Couplant ces trois modèles, nous proposons un critère de décision spatialisé. Empiriquement, l'analyse permet de constater d'importantes hétérogénéités spatiales, notamment concernant les bénéfices et la dynamique de propagation de l'invasion. Cela confirme l'importance de la priorisation spatiale consistant à mettre en œuvre des stratégies de gestion spatialement explicites. Nous abordons ensuite un problème de gestion décentralisée d'une épidémie touchant des cultures pérennes, en adoptant un focus sur l'inefficacité sociale d'une gestion privée. En s'inspirant du problème de gestion de la Sharka, une maladie touchant les arbres du genre Prunus, un modèle à trois périodes est présenté. Le modèle porte sur une gestion binaire, agir / ne pas agir, d'un pathogène se propageant sur deux exploitations contiguës, et est formulé sous la forme d'un jeu dynamique avec information feedback complète. L'analyse de ce jeu permet notamment de s'intéresser au rôle des interactions stratégiques dans le contexte d'une gestion décentralisée. En s'appuyant sur des analyses théoriques et numériques, il est montré qu'à l'équilibre, la distribution des efforts de gestion n'évolue pas de manière monotone lorsque les niveaux d'infections initiaux augmentent. Des comportements de passager clandestin visant à profiter de l'externalité associée à une gestion future contribuent à expliquer ce résultat. Nous montrons également que selon l'état initial de l'épidémie, des situations de multiplicité ou d'absence d'équilibre sont susceptibles de se produire. Enfin, nous montrons que les inefficacités sociales dépendent elles aussi des conditions initiales de l'épidémie. Ces inefficacités proviennent du fait que les propriétaires n'internalisent pas les externalités positives générées par leur gestion, et sont parfois augmentées en présence d'effets stratégiques de type passager clandestin.Dans un dernier chapitre, nous considérons le problème d'un régulateur en charge de définir une politique de santé publique pour gérer une épidémie humaine. La question de la manière dont le régulateur est influencé par l'acceptabilité sociale des mesures de gestion est posée. Nous expliquons notamment pourquoi l'acceptabilité associée aux mesures de restrictions est susceptible d'augmenter lorsque l'application des mesures par l'ensemble de la population devient nécessaire pour contrôler l'épidémie. Bien qu'une politique différenciée précoce soit socialement préférable, nous montrons que le régulateur peut être amené à proposer une politique uniforme tardive, dans le cas où l'acceptabilité de cette dernière est grande en comparaison de celle des politiques précoces.