Thèse en cours

Le concept d'étrangeté (ghurba) dans la construction identitaire des cyber-militants de l'Etat Islamique. Ethnographie d'une djihadosphère entre 2018 et 2022
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Auteur / Autrice : Laurène Renaut
Direction : Julien Longhi
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Sciences du langage
Date : Inscription en doctorat le 01/09/2017
Etablissement(s) : CY Cergy Paris Université
Ecole(s) doctorale(s) : Arts, Humanité, Sciences Sociales
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : AGORA (Cergy-Pontoise)

Résumé

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Cette recherche, au carrefour des SIC et de l'AD, questionne la place et le statut de l'étrangeté (comme concept islamique) dans la construction de l'identité djihadiste en ligne. Nous interrogeons plus particulièrement, l'intrication des dimensions singulières et collectives qui en découle dans le discours des cyber-militants de l'Etat Islamique (EI). Autrement dit quelle conception du rapport entre individu et collectif engage l'étrangeté dans la construction identitaire de la radicalité djihadiste en ligne ? Pour ce faire, nous avons réalisé l'ethnographie d'une djihadosphère et fait le choix d'une approche incognito, craignant que le dévoilement de notre identité, au-delà d'entraîner des modifications du terrain, ne signe sa disparition. Par ailleurs, nous avons adopté une approche mixte quali-quantitative tant dans les méthodologies de récolte des données (observation manuelle couplée d'un recours au web-scraping) que d'analyse des observables (approche écologique des données doublée d'une analyse outillée de corpus avec le recours à des outils textométriques). Dans ce contexte, nous examinerons d'abord les procédés discursifs par lesquels les cyber-militants djihadistes construisent une identité collective d'étrangers. Comment définissent-ils l'étrangeté, et selon quelle règles, débattues et co-établies dans la djihadosphère, délimitent-ils le « vrai islam » qu'ils prétendent incarner ? Nous nous demanderons donc comment cette co-réflexion identitaire prend forme et quel est le rôle du takfir dans la construction d'une communauté imaginaire comme d'un groupe en ligne. Dans un second temps, après avoir défini (sur le plan ontologique) la nature et le statut de l'étrangeté dans le discours djihadiste, nous interrogerons ses différents modes d'apparition en ligne. Quelle(s) forme(s) de présence numérique revêt-elle et quels effets en découlent ? Autrement dit, comment l'étranger, en tant que modèle à suivre, se donne-t-il à voir dans un milieu socio-technologique ? Enfin, nous questionnerons les ressources qu'offre l'étrangeté pour la pratique du djihad médiatique et les limites qu'elle rencontre pourtant sur un réseau social, vecteur d'une dynamique communautaire. Comment les sympathisants de l'EI, dans un contexte de guerre médiatique, font-ils groupe avec et contre un dispositif hostile ? Dans quelle mesure le concept d'étrangeté (synonyme d'anonymat, de solitude et d'invisibilité) se heurte-t-il et résiste-t-il à l'émergence d'un collectif en ligne qui se revendique comme une communauté ?