Projet de thèse en Histoire
Sous la direction de Stanislas Jeannesson et de José Luis Ledesma.
Thèses en préparation à Nantes Université en cotutelle avec l'Universidad complutense de Madrid. Facultad de ciencias políticas y sociología , dans le cadre de STT - Sociétés, Temps, Territoires (Nantes) depuis le 05-07-2017 .
De 1936 à 1939, les diplomates français et britanniques en Espagne développent une action humanitaire importante pour faire face aux violences de la guerre civile. Ce projet de recherche vise précisément à comprendre les ressorts de ces interventions humanitaires, intimement liés à la perception des violences qui ensanglantent l’Espagne. Il s’agit notamment de prendre en compte le poids des représentations et des imaginaires sociaux des diplomates, influencés par la propagande contrerévolutionnaire des droites espagnoles, dans l’interprétation qu’ils font des événements dont ils sont témoins, tout en étant attentif aux processus sociaux d’identification et de polarisation que favorise l’exposition aux violences. Ces phénomènes participent en effet à l’émergence d’une dichotomie morale et politique, fondée sur la peur de la révolution, au moment de désigner les victimes à secourir et au risque de déséquilibrer cette action humanitaire au bénéfice de l’un des camps (le camp franquiste) et au détriment de l’autre (le camp républicain). Cependant, en privilégiant une approche multiscalaire, il s’agit aussi de tenir compte du rôle joué par les gouvernements français et britanniques, plus sensibles à l’opinion publique internationale et au contexte européen de l’entre-deux-guerres, dans la genèse de cette action humanitaire. Ils favorisent notamment son rééquilibrage, progressif et incomplet, en faveur du camp républicain. Pour autant, les diplomates en Espagne ne restent pas inactifs : ils accompagnent, provoquent ou freinent les inflexions de ces interventions qui apparaissent, en somme, bien moins désintéressées et neutres qu’il n’y paraît. Ce projet de recherche s’inscrit donc dans la suite des renouvellements récents qu’a connu l’histoire des relations internationales, de plus en plus attentive à faire advenir une histoire sociale et culturelle, « par le bas », de la diplomatie, de ses acteurs et de ses pratiques. Fondé sur la consultation empirique des archives diplomatiques françaises, britanniques et espagnoles, il a volontiers recours à une approche transdisciplinaire, en s’appuyant sur des travaux de sciences politiques, de sociologie et d’anthropologie.
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