La superposition des temporalités dans la ville de Mexico : une archéologie littéraire

par Erik Le Gall

Projet de thèse en Études romanes espagnoles

Sous la direction de Eduardo Ramos-Izquierdo.


  • Résumé

    La superposition des temporalités, telles des strates archéologiques, est un phénomène qui affecte tout espace et toute ville. A Mexico, elle devient un motif littéraire fort, qui parcourt la littérature mexicaine des soixante-dix dernières années. La destruction de México-Tenochtitlan, après sa prise par les Castillans, et l’édification de la capitale de la Nouvelle-Espagne sur ses ruines, constituent une rupture historique majeure. Toutefois, les pierres mexicas, remodelées, servent de matériau et de fondation à la ville novohispana, suggérant ainsi une continuité essentielle entre les deux villes. La ville mexica jouit donc de l’aura fascinante des civilisations disparues. Son influence sur la culture mexicaine contemporaine inspire également l’idée d’une permanence atavique, qui se manifeste par la résurgence de mythèmes préhispaniques vengeurs. La démolition première serait le point de départ d’une longue série de mues d’ampleur variée que connaît la ville au gré des époques. Les écrivains conservent la trace des villes passées et de leurs modifications, qui s’accumulent dans un palimpseste intertextuel. Les réélaborations successives du motif de superposition des époques s’y sédimentent au fil des générations d’auteurs, depuis Carlos Fuentes. Dans une ville sillonnée d’excavations archéologiques d’importance, nous proposons une archéologie littéraire à travers l’épaisseur diachronique de Mexico et de ses belles lettres. Au-delà de la réminiscence d’un passé enterré vivant s’esquisse une interrogation des héritages – à première vue irréconciliables – qui ont construit la ville et le Mexique, en particulier de sa double origine précolombienne et espagnole.

  • Titre traduit

    The superposition of temporalities in Mexico City : a literary archeology


  • Résumé

    The superposition of temporalities, like archaeological strata, is a phenomenon that affects every space and city. In Mexico City, it has become a powerful literary motif, and has been particularly recurrent in the Mexican literature of the last seventy years. The destruction of México-Tenochtitlan in the wake of the conquest and the subsequent rebuilding of New Spain’s capital city on its ruins constitute a major historical turn. Mexica stones, once reshaped, serve as the foundations and material of the newbuilt “Novohispana” colonial city, suggesting an essential continuity between the two cities. The Mexican city thus enjoys the fascinating aura of vanished civilisations. Its influence on contemporary Mexican culture also inspires the idea of an atavistic permanence, triggering the resurgence of vengeful pre-Hispanic myths. The first demolition would be the starting point for a series of drastic changes that the city has undergone through time, as if shedding skins. Mexican writers preserve the traces of these bygone cities, which eventually accumulate in an intertextual palimpsest. The successive re-elaborations of the literary motif of superposition of temporalities are sedimented as, since Carlos Fuentes’s early works, generations pass by. In a city criss-crossed by major archaeological excavations, we propose a literary archaeology through Mexico City’s historical and literary diachronic depths. Beyond the reminiscence of a past that was buried alive, we are to find how distinct legacies that gave birth to both the city and the nation are questioned, in particular its dual pre-Columbian and Spanish roots.