Paludisme a Nouakchott, Mauritanie : morbidité, efficacité thérapeutique et mutations liées au chimiorésistance

par Jemila Deida

Thèse de doctorat en Biologie moleculaire

Sous la direction de Rachida Tahar et de Ali ould mohamed Boukhary.

Thèses en préparation à Sorbonne Paris Cité , dans le cadre de École doctorale Médicament, Toxicologie, Chimie, Imageries .


  • Résumé

    En Mauritanie, le paludisme est une des causes majeures de recours au soin, dans les formations sanitaires avec des taux d'incidence et de mortalité annuelles estimés respectivement à 78 cas pour 1000 habitants et 30 pour 100000 décès. Nouakchott, la capitale de la Mauritanie et Atar capitale régionale de l'Adrar mauritanien sont situées en zone saharienne de la Mauritanie où les données sur le paludisme sont rares. Dans le but de contribuer à l'amélioration de la connaissance du paludisme dans cette zone, nous nous sommes intéressés à évaluer et comparer la morbidité liée au paludisme chez les patients fébriles à Nouakchott et à Atar, évaluer l'efficacité de la chloroquine pour le traitement du paludisme non compliqué à P. vivax et déterminer les mutations liées aux chimiorésistances du paludisme à P. vivax. Les résultats de cette étude ont mis en évidence, une transmission saisonnière dans la zone saharienne durant presque toute l'année notamment à Atar qui se situe probablement à la limite septentrionale de la transmission du paludisme dans le pays et la présence d'Anophelesgambiaesensu latu (s.l) à Nouakchott et d'Anophelesrhodesiensis à Atar. La prévalence de l¿infection palustre a été estimée par trois méthodes de diagnostic, le TDR, la microscopie et la PCR chez 453, 475 et 415 sujets fébriles à Atar Centre hospitalier d'Atar (CHA) et à Nouakchott Centre de santé de Teyarett(CST) et au Centre hospitalier mère et enfants(CHME), respectivement. Au total (45,8% 137/299) des sujets impaludés n'ont jamais quitté Atar (39%, 50/128) et Nouakchott (51%, 87/171). La proportion d¿individus avec notion de voyage vers les zones endémiques (zone sahélienne de Mauritanie et pays d'Afrique sub-saharienne) était de 46,9% (140/299).Les moyennes géométriques des densités parasitaires des sujets impaludés dans les trois structures de santé étaient de 1453 (extrêmes 12-84800 parasites/µl de sang), 2483 (80-289700 p/µl) et 3120 (40-220 000 p/µl), respectivement, au CHA, CST et au CHME. Une réponse clinique et parasitologique adéquate au traitement par la chloroquine a été enregistrée chez 128 patients. L'analyse moléculaire pour recenser le nombre et le type de mutations sur les gènes associés à la résistance aux antipaludiques chez 460 isolats de P. vivax, a mis en évidence des faibles taux de mutation. Au niveau des gènes pvdhfr et pvdhps associés à la résistance aux antifolates (15%, 29/199) des isolats portaient les mutations S58R, T61M, S117N/T, au niveau du gène pvdhfr, alors seulement (5% ,6/130) des isolats portaient les mutations K512M/T / E, A553G / C au niveau du domaine pvdhps. De même seulement, 4% (8/194) des isolats portaient la mutation Y976F au niveau du gène pvmdr1associé à la résistance à la chloroquine. Aucune mutation n'a été détectée au niveau le domaine proppeler du gène pvk12.

  • Titre traduit

    Malaria in Nouakchott, Mauritanie: morbidity, therapeutic efficacy and mutations associated to chemioresistance


  • Résumé

    In Mauritania, malaria is one of the major causes of health care use in health facilities with annual incidence and mortality rates estimated at 78 cases per 1000 inhabitants and 30 per 100 000 deaths, respectively. Nouakchott, the capital city and Atar regional capital of the Mauritanian Adrar are located in the Saharian zone of Mauritania where data on malaria are scarce. To improve our knowledge on malaria disease in this area, we evaluated the morbidity related to malaria in febrile patients in Nouakchott and Atar, determined the efficiency of chloroquine for the treatment of uncomplicated P. vivax malaria and assessed mutations on genes (pvmdr1, pvdhfr, pvdhps, pvk12) associated with drug resistance of P. vivax malaria. Our results revealed a seasonal autochthonous transmission in the Saharian zone during most of the year (June to Octobre and November to Mars), notably at Atar, which is probably at the northern limit of malaria transmission in the country and the presence of Anopheles gambiaesensulatu (sl) in Nouakchott and Anopheles rhodesiensis in Atar. The prevalence of malaria infection was estimated by three diagnostic methods, RDT, microscopy and PCR in 453, 475 and 415 febrile patientsin Atar (CHA) and Nouakchott (CST and CHME), respectively. Atotal of 45.8% (137/299) of malaria patients,(39%, 50/128) and(51%, 87/171)never left Atar and Nouakchott respectively. The proportion of individuals who declared having travelled to endemic areas (Sahelian zone of Mauritania and countries of sub-Saharian Africa) was 46.9% (140/299). The geometrical mean parasite densities (expressed as number of parasites / ¿l of blood) of the malaria patients admitted to the three health centres were 1453 (12-84800 p / ¿l), 2483 (80-289700 p / ¿l) and 3120 (40-220,000 p / ¿l), respectively, at CHA, CST and CHME. We noticed an adequate clinical and parasitological response to chloroquine treatment in 128 patients. The molecular analysis of genes related to antimalarial resistance in 460 P. vivax isolates, showed low prevalence of mutations. For pvdhfr and pvdhps genes associated with antifolates resistance (15%, 29/199) isolates carried the S58R, T61M, S117N/T, , mutations on the dhfr domain while only, (5%,6/130) of isolates had K512M/T / E, A553G / C on the pvdhps domain.On the pvmdr1 gene related to chloroquine resistance (4%, 8/194) of isolates had the mutation Y976F. However, no mutations have been detected on the propeller domain of pvk12 gene potentially related to artémisinin resistance in P. vivax malaria.