Thèse soutenue

« Ramener l’anthropocène à la maison » : la curation du Projet Anthropocène et ses interactions entre les arts et les sciences à la Maison des cultures du monde de Berlin (2013-2014)

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Auteur / Autrice : Clémence Hallé
Direction : Nadeije Laneyrie-DagenGrégory Quenet
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences, arts, création, recherche (SACRe)
Date : Soutenance le 28/11/2022
Etablissement(s) : Université Paris sciences et lettres
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Lettres, Arts, Sciences humaines et sociales (Paris ; 2010-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Équipe d'accueil SACRe - Sciences, arts, création, recherche (Paris)
Établissement de préparation de la thèse : École normale supérieure (Paris ; 1985-....)
Jury : Président / Présidente : Johanne Lamoureux
Examinateurs / Examinatrices : Nadeije Laneyrie-Dagen, Grégory Quenet, Johanne Lamoureux, Sophie Houdart, Annette Bhagwati, Joris Lacoste, Jean-Paul Vanderlinden
Rapporteurs / Rapporteuses : Sophie Houdart

Résumé

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Cette thèse décrit l’émergence de l’hypothèse d’Anthropocène prise au sens esthétique du terme. Issue des sciences du système-Terre, étudiée par un groupe de géologues, et alors même qu’elle n’a reçu encore à ce jour, aucune validation scientifique, l’époque hypothétique a fécondé le monde des sciences humaines et des arts de façon fulgurante durant ces dix dernières années, au point d’être qualifiée de « zeitgest intellectuel » par le géographe Jamie Lorimer, qui préfère, pour parler d’elle, d’employer le terme d’ « Anthropo-scènes »(Lorimer 2017). Je me suis penchée sur le Projet Anthropocène de la Maison des cultures du monde à Berlin, ouvert en janvier 2013 et qui dure encore aujourd’hui sous d’autres formes. Pour Jamie Lorimer en effet, il est « peut-être la plus large manifestation de ce zeitgeist intellectuel dans les humanités environnementales ». Il implique « une série d’évènements en 2013–14, qui ont rassemblé et forgé un Anthropocene-literati de scientifiques, de philosophes et d’artistes », dont le but affiché était « de faciliter une exploration des implications de cette hypothèse pour la recherche, la science, et l’art » (Scherer, 2013). Plus encore, la Maison des Cultures du Monde a « hébergé la première rencontre du Groupe de travail sur l’Anthropocène, et l’institution est devenue le lieu clé au sein duquel le groupe de géologues a promu son travail » (Lorimer 2017, 122). Je commence mon histoire à partir de cette rencontre insolite, entre des scientifiques internationaux formés pour décider si oui ou non une « époque (cène) de l’humain (anthropos) » devrait être ajoutée aux chartes géologiques décrivant la succession des temps terrestres, et montés sur la scène d’une institution de performances contemporaine plutôt que de telle ou telle institution scientifique. Il semblerait qu’aux scientifiques-héros, sauveurs-de-planète qui régnaient parmi les acteurs ayant promulgué les premières acceptions du terme, succède un appel aux artistes-géniaux, porte-paroles de la Terre et interprètes de la sensibilité requise pour faire face au problème. A travers cette thèse, je souhaite recomposer l’histoire intellectuelle de l’Anthropocène en la situant sur une scène précise avant qu’elle ne se referme sur ellemême, en suivant la multiplication de ses personnages, et notamment les péripéties curatoriales qu’ils ont mis en place pour la mettre en oeuvre(s).