Projet de thèse en Histoire et civilisations
Sous la direction de Rita Hermon-Belot.
Thèses en préparation à Paris, EHESS , dans le cadre de École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales depuis le 05-09-2016 .
L’expression “identité nationale”, qui évoque de prime abord une droite conservatrice, est en fait issue des discours du Parti Socialiste (PS) des années quatre-vingt . Néanmoins, à cette période, l’“identité nationale” n’est pas rattachée à un discours sur les traditions religieuses, ni à une revendication de la laïcité comme valeur républicaine. À la différence, en 2012, les revendications religieuses et laïques s’intègrent aux discours identitaires au point de redéfinir la notion d’identité et sa place dans les débats politiques. De quoi témoigne ce recours aux références laïques et religieuses dans la mise en scène d’une identité nationale et républicaine au sein des discours politiques français ? Comment les usages politiques de la laïcité et des traditions religieuses ont-ils évolué entre « le “moment 68” » et la défaite présidentielle de 2012 de Nicolas Sarkozy (UMP) ? Autrement dit, ces questions s’inscrivent dans la continuité des travaux de Denis Pelletier qui s’interroge sur la manière dont « la “crise des idéologie” qui marque la fin des années 1970 est [...] le creuset d'un retour à une pensée de la tradition et de l’héritage ». Cette recherche examine ainsi l’évolution des usages politiques de la laïcité et des traditions religieuses dans l’expression des identités. D’une part, les traditions religieuses sont utilisées non plus pour faire référence à des communautés de croyance, mais pour fixer les frontières d’une appartenance. D’autre part, la laïcité est sollicitée pour encadrer l’expression d’une identité républicaine. L’objectif est donc de comprendre comment les usages politiques se sont transformées jusqu’à venir entremêler laïcité et traditions religieuses dans l’expression d’une identité nationale française.
When politics speaks of identity : "Laïcité", religious traditions and national identity (1960-2012)
The expression “national identity” which is primarily reminiscent of a conservative right-wing party, actually originates from the Socialist Party (Parti Socialist- PS) speeches of the ‘80s. In those days “national identity” was neither linked to any speech on religious tradition nor to any claim of laicism as a republican value. Since 2012, however, religious and secular claims have become part of identity speeches to such an extent that they have reshaped the notion of identity and its positioning in political debates. What do references to laicism and religion testify to the staging of a national and republican identity in French political rhetoric? How have the political uses of secularism and religious traditions evolved between the “1968 moment” and Nicolas Sarkozy’s (UMP) presidential defeat in 2012? Such questions should be seen as a continuation of Denis Pelletier's research on how the "ideological crisis" that marked the end of the ‘70s was the starting point for a return to a thinking about tradition and heritage. This research focuses on the evolution of the political use of religious traditions and secularism, in expressing identities. On the one hand religious traditions are being used to define the boundaries of belonging rather than as a reference to a community of faith. On the other hand, secularism is used to frame the expression of a republican identity. The aim therefore is to understand how political usages have transformed to the point where they interweave secularism and religious traditions in the expression of a French national identity.