Thèse soutenue

La production de la ville en contexte labellisé. Matera, Capitale européenne de la culture en 2019

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Auteur / Autrice : Marina Rotolo
Direction : Nathalie Lancret
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Architecture
Date : Soutenance le 17/03/2021
Etablissement(s) : Paris Est
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Ville, Transports et Territoires (Champs-sur-Marne, Seine-et-Marne ; 2015-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut parisien de recherche Architecture, urbanistique, société - Architecture Urbanisme Société. Savoirs Enseignement Recherche (Paris ; 2010-....)
Jury : Président / Présidente : Nora Semmoud
Examinateurs / Examinatrices : Nathalie Lancret, Maria Gravari-Barbas, Laurent Devisme, Vincent Veschambre, Charles Ambrosino, Adèle Esposito
Rapporteurs / Rapporteuses : Maria Gravari-Barbas, Laurent Devisme

Résumé

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Analysés comme un des leviers du basculement dans un régime de concurrence entre les villes, les processus de labellisation s’inscrivent dans une ère définie par la compétition internationale (Winter, 2014). Dans ce contexte, les prix et labels sont devenus des outils d’action publique pour inciter les villes à innover et diffuser un certain nombre de « bonnes pratiques » (Devisme et al, 2008). Ces stratégies s’accompagnent de profondes transformations urbaines qui visent à renouveler l’image des villes afin d’attirer un nouveau public de visiteurs et d’investisseurs. Cet enjeu de visibilité est particulièrement manifeste dans le cas de villes moyennes qui cherchent à se distinguer dans la sphère globalisée et devenir attractives. Cette recherche doctorale vise à analyser les mutations du territoire urbain de Matera qui interviennent à la suite d’une double labellisation : en 1993, la ville est inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco ; en 2014, elle est choisie comme Capitale Européenne de la culture pour l’année 2019.La recherche interroge les effets des labellisations sur la production de la ville par la mise en œuvre de plusieurs ‘générations’ de politiques d’aménagement : de la même manière que les « strates de labellisation » se superposent - explique Fournier (2014) - les politiques urbaines aux objectifs différents se succèdent. S’inscrivant dans le champ des études urbaines, notre étude est orientée vers trois domaines de réflexion : les représentations, la planification urbaine et les jeux d’acteurs Sous le prisme de la labellisation, nous nous demandons comment les représentations sont construites et instrumentalisées. Plus particulièrement, nous portons notre attention sur la relecture des héritages dans la production urbaine contemporaine. De ce point de vue, Matera constitue un cas d’étude éclairant, dans la mesure où nous faisons dialoguer la récente labellisation CEC avec l’histoire longue de la ville et sa patrimonialisation UNESCO en 1993. Ville stigmatisée de « honte nationale » au symbole de Capitale culturelle, la reconversion de l’image de Matera opérée à travers les labels, nous engage à analyser la manière dont ce renversement se traduit dans la politique d’aménagement ou résulte de celle-ci.Dans cette perspective, notre objectif est d’interroger la manière dont la labellisation modifie les modes de conception et de gestion d’une ville moyenne. Pour ce faire, nous nous attachons à étudier les systèmes d’acteurs spécifiques mobilisés dans les projets relatifs au label Capitale européenne de la culture, leurs niveaux d’intervention (nationale, européenne, internationale) et les visions prospectives qui en découlent à l’échelle urbaine, architecturale et paysagère. Notre analyse porte également sur les transformations qui restent en marge de la labellisation et engagent des restructurations plus profondes sur l’ensemble de la ville. La participation habitante étant l’un des critères fondamental pour l’obtention du label CEC, nous questionnons la place des citoyens dans ce processus et le rôle qui leur est attribué : acteurs ou spectateurs.Les transformations socio-spatiales de la ville de Matera constituent ainsi, dans notre thèse, à la fois un objet d’analyse en soi – la production de la ville en contexte labellisé – et comme un analyseur des enjeux économiques et politiques associés à la labellisation.