Thèse de doctorat en Ecologie et Biodiversité
Sous la direction de Sonia Saïd.
Thèses en préparation à Montpellier , dans le cadre de GAIA (Montpellier ; École Doctorale ; 2015-...) , en partenariat avec ONCFS-Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage (laboratoire) .
Au même titre que la prédation naturelle, la chasse affecte à la fois les taux de mortalités et le comportement des proies. Sur cette base, elle est aujourd'hui envisagée comme méthode de gestion pour tenter de limiter l'essor et l'impact de certaines populations de gibier susceptibles de générer des conflits d'usage avec les activités humaines. L'efficacité de cette méthode de gestion est souvent évaluée sur la base de ses effets létaux et non au travers des changements comportementaux induits par la chasse. Parmi les changements comportementaux observés en réponse à la chasse, les modifications du comportement spatial sont particulièrement intéressantes dans le cadre de la gestion de la faune sauvage puisqu'elles intègrent des effets sur la performance individuelle des proies, mais également sur leur distribution spatiale, qui pourrait permettre de diminuer la concentration locale des animaux et/ou la pression d'herbivorie dans les zones sensibles (e.g. cultures, zones en régénération forestière). Pourtant, si les modifications spatiales des proies en réponse à la chasse sont de mieux en mieux caractérisées, on connait encore mal leur persistance temporelle, la portée spatiale d'une action de chasse ou encore la façon dont les proies se redistribuent dans l'espace suite à une action de chasse. Les travaux menés pendant cette thèse apportent des éléments de discussion sur ces points, dans le cadre d'une gestion par la chasse combinant chasse pour tuer et chasse pour faire peur. Pour répondre à ces questions, nous avons choisi de nous intéresser à deux grands ongulés sauvages de plaine : le cerf et le sanglier. Ces deux espèces sont depuis longtemps des espèces emblématiques de la chasse, parmi les plus chassées aujourd'hui à l'échelle européenne. Elles constituent un exemple marquant de progression numérique et spatiale dans des écosystèmes impactés par l'Homme. Cet essor est à l'origine de dégâts, dont les coûts multiples placent la gestion de ces espèces au cœur des préoccupations des politiques publiques. Nos travaux ont permis de mettre en évidence qu'en réponse à un risque immédiat, les individus traqués ayant survécu s'éloignent tous de la zone de chasse. Cette réponse peut perdurer dans le temps. Nous avons montré que la chasse pouvait avoir des conséquences sur le comportement spatial de l'individu chassé durant plusieurs jours après la rencontre avec le(s) chasseur(s). Ces stratégies exprimées en réponse à un risque de chasse immédiat semblent essentiellement liées au couvert végétal auquel l'animal est confronté durant l'action de chasse. Enfin, nous avons montré que les changements d'utilisation d'habitat à l'échelle de la saison de chasse était soumis aux variations spatio-temporelles du risque de chasse. Ces premiers résultats nous ont permis de discuter de la pertinence d'utiliser la chasse dans un contexte de gestion des populations de gibier.
Towards an incorporation of spatial behaviour into wildlife management based on hunting: red deer and wild boar as case studies
In a similar way to natural predators, human hunting has consequences on prey abundance and behaviour. Therefore, hunting can be used as a tool for wildlife management through limitation of population densities and dissuading game from areas sensitive to damage. However, studies investigating hunting as a management tool have almost exclusively rely on its lethal effects. Only a few studies have considered it through behavioural changes. Of the behavioural changes induced by hunting, changes in spatial behaviour are particularly interesting in the context of wildlife management as they integrate effects on prey fitness and their spatial distribution. Prey redistribution may reduce local abundance of prey and/or herbivory pressure in sensitive areas (e.g. crops, regeneration areas). Although spatial responses of prey to human hunting have been quite well characterized, their temporal persistence or the spatial scale at which the hunting risk still triggers these responses remains poorly documented. This work aims at studying spatial responses of prey to hunting and discussing the results in the light of wildlife management. Our study relies on GPS data from two commonly hunted game species, red deer and wild boar. We investigated spatial responses to hunting on various temporal scales, from the encounter with hunters to the hunting season. Our results highlighted that all animals that survived a hunting action ultimately leave and avoid the hunted area. We also showed that these immediate responses could last and have consequences on prey space use over several days after a predator-prey encounter. These immediate responses appeared to be linked to vegetation cover around the animal during the hunt. Finally we showed that prey adjusted their space use throughout the hunting season depending on the spatio-temporal variations in hunting risk. We then discussed these results in the context of wildlife management based on hunting.