Thèse soutenue

Accéder aux rives des lacs périalpins : un droit aux espaces publics au défi de la privatisation (Annecy, Bourget, Léman, Côme)

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Alice Nikolli
Direction : Christophe GauchonLionel Laslaz
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Géographie
Date : Soutenance le 25/10/2019
Etablissement(s) : Université Grenoble Alpes (ComUE)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale sciences et ingénierie des systèmes, de l'environnement et des organisations (Chambéry ; 2007-2021)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Environnements, dynamiques et territoires de la montagne (Le Bourget du Lac, Savoie)
Jury : Président / Présidente : Myriam Houssay-Holzschuch
Examinateurs / Examinatrices : Stéphane Nahrath, Loïc Prieur
Rapporteurs / Rapporteuses : Renaud Le Goix, Patrice Melé

Résumé

FR  |  
EN

La thèse part du constat qu’il existe une tension entre la forte demande sociale dont font l’objet les rives des lacs périalpins et les restrictions d’accès, notamment privatives, qui restreignent les espaces littoraux librement praticables par le plus grand nombre. Il s’agit d’interroger le droit d’accès à ces lacs qui sont considérés dans la société comme des espaces publics, au prisme d’un « droit au lac » inspiré par l’idée lefebvrienne de « droit à la ville ». Pour ce faire, la thèse propose d’analyser l’accès aux rives lacustres à la fois sous l’angle de la notion d’espace public, au sens matériel d’espace librement accessible à tou·te·s, et de celle de problème public, au sens de question publicisée et débattue dans des arènes publiques. À partir de cette double entrée, il s’agit d’explorer les causes, les formes et les conséquences du processus de publicisation/privatisation, sur trois terrains principaux (Annecy, Bourget, Léman dans son double contexte français et suisse) enrichis d’un éclairage comparatif (Côme). Quatre axes de recherche guident la réflexion. Le premier concerne l’état des lieux de l’accès aux rives, et a été mis en œuvre au moyen d’une cartographie exhaustive des littoraux des terrains principaux. Elle met en lumière l’ampleur des restrictions d’accès, leur diversité ainsi que les déconnexions qui peuvent exister entre modalités concrètes d’accès observées sur le terrain et statut foncier documenté grâce au cadastre. Le deuxième vise à reconstituer l’historique comparé du phénomène de privatisation et de la mise à l’agenda politique de la question de l’accès public aux rives. Il s’appuie sur des entretiens semi-directifs, des analyses d’archives et une revue de la littérature grise, et montre qu’historiquement, le processus de privatisation l’a emporté sur le processus concurrent de publicisation, du fait du capital financier, politique et juridique des acteurs de la privatisation. Le troisième porte sur les mobilisations pour le « droit au lac » portées par différents collectifs depuis le début des années 2000, en France et en Suisse, et analyse le problème public qu’elles contribuent à constituer, ainsi que les oppositions que ces collectifs rencontrent, à travers des entretiens semi-directifs et le suivi des actions menées par les collectifs. Le quatrième axe de recherche, qui porte sur les pratiques et les représentations des usagers et des usagères des lacs et qui a été documenté grâce à des observations et à des entretiens directifs, met en avant la recherche de tranquillité qui anime les pratiques de bon nombre d’enquêté·es. Cette figure du « lac pour soi » entre dans certains cas en tension avec le « lac pour tou·te·s » des mobilisations pour le « droit au lac » et des politiques de publicisation des rives. Cette analyse intégrée de l’espace public et du problème public des rives lacustres vise in fine à interroger la capacité de la société à se partager l’espace, et tout particulièrement les espaces les plus convoités, en l’occurrence pour les aménités paysagères et récréatives qu’ils offrent.