Projet de thèse en Philosophie
Sous la direction de Ninon Grange.
Thèses en préparation à Paris 8 , dans le cadre de 31 "Pratiques et théories du sens" , en partenariat avec Laboratoires d'études et de recherches sur les logiques contemporaines de la philosophie (equipe de recherche) depuis le 11-07-2016 .
Je montre dans un premier temps comment Platon et Aristote ont posé les fondements de la philosophie politique à partir d’un rejet de la philia, laquelle fut l’un des épicentres de l’éthique et de la pensée politique grecque. Ils l’accusaient d’introduire dans la vie civique une logique affinitaire et arbitraire qui participait de la stasis. La bataille sémantique que Socrate livra pied à pied au début de la République contre l’idée alors traditionnelle que la justice consistait à faire le bien aux amis et le mal aux ennemis est en cela paradigmatique : pour les philosophes, les gouvernés sont incapables de choisir leurs amis et de faire leur bien. Leurs seuls vrais amis, les seuls à même d’établir ce qui est bon pour chacun, pour chaque relation et pour la collectivité tout entière sont par définition les philosophes. Leur action est en effet réglée sur l’idée du Bien et non sur des normes partiales inhérentes à des relations fondées sur la tromperie et sur l’illusion. En d’autres termes, il doit être entendu que les gouvernés n’ont pas vocation à se prononcer sur la raison d’être et sur la forme de leurs relations. Celles-ci sont en effet supposées prendre leur sens au sein d’une totalité harmonieusement gouvernée par les savants, d’où chacun retire ce dont il a besoin en fonction de ce qu’il est. Je vérifie et prolonge ainsi les critiques arendtienne et ranciérienne du rapport de la philosophie à la politique : j'articule en effet le refoulement de la pluralité avec ceux de l’égalité des intelligences et de l’amitié. Dans un second temps, je formule une interprétation croisée des thèses d’Arendt sur l’amitié et de celles de Rancière sur la manière dont se conquiert l’opinion de l’égalité des intelligences. Mon but est de faire droit à une expérience de l’amitié par laquelle les dominés se sauvent mutuellement de l’identification à leurs conditions et font irruption dans les affaires humaines pour en changer le cours.
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