Thèse soutenue

L’insertion socio-économique des jeunes ruraux comme révélateur du changement structurel en Afrique subsaharienne : la trajectoire rurale revisitée

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Auteur / Autrice : Pierre Girard
Direction : Sandrine MichelSara Mercandalli
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences Économiques
Date : Soutenance le 27/11/2020
Etablissement(s) : Montpellier
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Economie Gestion de Montpellier (2015-.... ; Montpellier)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Acteurs- Ressources et Territoires dans le Développement / UMR ART-Dev
Jury : Président / Présidente : Paule Moustier
Examinateurs / Examinatrices : Sandrine Michel, Sara Mercandalli, Paule Moustier, Isabelle Chort, Catherine Laurent, Claire Harasty, Ibrahima Hathie
Rapporteurs / Rapporteuses : Isabelle Chort, Catherine Laurent

Résumé

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Dans les pays d’Afrique subsaharienne, la transition démo-économique se traduit par une croissance de la population inégalée à l’échelle historique ce qui questionne la capacité des cadres de production actuels à assurer les moyens d’existence des populations, ainsi que leur renouvellement qui permet aux sociétés de perdurer dans le temps. Dans un monde globalisé devant faire face au changement climatique et à ses conséquences environnementales, cette situation remet au goût du jour les débats sur les modalités du changement structurel qui supporteront les transitions démo-économiques des pays d’Afrique subsaharienne. Parmi ces modalités, cette thèse fait le choix d’explorer la trajectoire rurale et agricole. Pour renseigner les conditions de réalisation de cette trajectoire, la thèse adopte une approche singulière qui considère le changement structurel comme celui de l’évolution, dans le temps long, des modalités de la reproduction socio-économique des ménages ruraux.Pour étudier cet objet, l’originalité de la thèse est d’articuler une approche institutionnaliste du changement structurel avec une méthodologie comparative et historique qui utilise les trajectoires d’insertion socio-économique d’une succession de générations de jeunes ruraux pour représenter le temps long. Ces trajectoires ont été reconstituées à partir de données biographiques originales collectées dans quatre zones rurales du Sénégal et de la Zambie auprès de 525 ménages.Après avoir élaboré un modèle théorique institutionnaliste, la thèse produit tout d’abord une typologie des trajectoires d’activité et de mobilité des jeunes ruraux à partir de laquelle sont identifiés des changements d’ordre générationnel dans les modalités d’insertion des jeunes. La mise en relation de ces changements avec le cadre institutionnel dans lequel chaque génération s’insère aboutit à l’identification des institutions déterminantes des modalités de reproduction socio-économique des ménages ruraux en fonction de différentes situations agricoles et socio-économiques en Afrique rurale. Ensuite, la thèse identifie les relations de dépendance entre le modèle agricole familial et la manière dont les générations successives de jeunes ruraux mobilisent l’activité agricole pour s’insérer dans le système productif. La thèse affirme que le modèle agricole familial, modalité historique de la reproduction des ménages ruraux caractérisé par des liens organiques entre la famille et l’unité de production, se recompose sans cesse pour continuer à être le support de l’insertion des jeunes ruraux. Cette recomposition passe par des ajustements institutionnels dans la relation au capital et au savoir des jeunes mais implique une crise plus profonde des institutions sur l’accès à la terre et les modalités de la prévoyance collective ce qui suggère la recherche de nouveaux mécanismes de régulation impliquant différents niveaux d’autorité politique. Ces nouveaux mécanismes sont une des conditions indispensables de la transformation des économies rurales pour qu’elles puissent supporter les transitions démo-économiques des pays d’Afrique subsaharienne.