Thèse soutenue

Chômeurs et sans-travail dans le cinéma français des années 1960 à nos jours

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Auteur / Autrice : Fabienne Bullot
Direction : Michel Cadé
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire
Date : Soutenance en 2012
Etablissement(s) : Perpignan

Mots clés

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Résumé

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Cette thèse propose une histoire des chômeurs à travers la fiction cinématographique considérée comme source d’analyse. La proximité du cinéma avec les « déclassés » et la capacité de la fiction à saisir la dimension vécue permettent d’appréhender le dysfonctionnement majeur qu’est le chômage dans le système capitaliste. Dans des genres qui vont de la fiction documentaire à la farce noire, en passant par le polar social, la fable satirique et le conte contemporain, le cinéma reconstitue avec empathie l’épaisseur psychologique et la vulnérabilité matérielle des « inutiles au monde » et dresse des portraits de héros combatifs qui n’enferment pas les chômeurs dans une identité économique et statistique. L’« écran du chômage » enregistre aussi l’effritement du collectif et des solidarités et décrit les formes de la dépression qui s’empare des « dépossédés » de la civilisation industrielle. Il propose une contre-analyse de la société dans sa représentation, par exemple, de l’A. N. P. E. (Agence nationale pour l’emploi), et dans des œuvres qui recensent les figures persistantes de la précarité : jeunes qui galèrent de petits boulots en petits boulots, chômeurs de longue durée inemployables, femmes isolées, cadres mis au rebut. Il questionne la crise du pouvoir masculin et la place du travail salarié dans nos vies, dans un siècle qui en a fait le principal facteur d’intégration sociale. Enfin, il met en évidence à travers les scènes d’entretien d’embauche, devenues « scènes de genre » du cinéma français, les rapports de pouvoir dans l’entreprise libérale et dissèque les phénomènes de manipulation et de déshumanisation des individus dans un contexte de guerre économique.