Des représentations de la nature à la conservation de la biodiversité

par Frédéric Ducarme

Thèse de doctorat en Ecologie

Sous la direction de Denis Couvet et de Fabrice Flipo.


  • Résumé

    Cette thèse consiste en une exploration critique des liens entre les représentations sociales et biologiques de la biodiversité vue par les sciences de la conservation (notamment l’éthique environnementale), dans ses interrogations théoriques et la mise en pratique de la conservation de la nature. Ces représentations font intervenir plusieurs disciplines, qui ont souvent des représentations s décalées des objets et concepts en cause. L’un des buts principaux est de convoquer à la fois les représentations sociales de l’environnement et le savoir scientifique moderne en écologie, pour tester la pertinence des pratiques et politiques environnementales sur ces deux plans. Le travail s’articule donc autour de trois axes, qui sont épistémologique, biologique et social, le dernier se comprenant comme la cristallisation des deux sources pour l’action pratique. Nous partons du mot « nature », de son origine et de son développement, de manière à compulser les différents sens qu’il a pu signifier au cours de son histoire. De là, nous dégageons un certain nombre de représentations actuelles de la nature, qui sont autant de cibles potentielles quoique très distinctes de la « protection de la nature ». L’enjeu biologique examine les différents types d’assemblages biologiques qui sont protégés suivant ces différentes représentations de la nature, et pointe certaines contradictions, lacunes ou incohérences, et développe le thème de la nature ordinaire, souvent oubliée des démarches « conservationnistes » alors que stratégique d’un point de vue biologique ; un outil de quantification de la pression sur cette nature ordinaire est aussi étudié. Enfin, l’aspect social s’attache aux valeurs qui motivent l’action « conservationniste » : alors que la biologie, descriptive, ne peut donner que des outils mais pas prescrire des politiques, nous tentons à la lumière de la diversité des représentations et des données scientifiques de dégager un système de réflexion cohérent pour la conservation de la nature, tenant compte des différentes approches et des éventuels antagonismes à l’œuvre autant du point de vue culturel que biologique.

  • Titre traduit

    From Representations of Nature to Biodiversity Conservation


  • Résumé

    Our thesis consists in a critical exploration of the links between the social representations that shape the theory of conservation biology (including environmental philosophy), and its practice, which depends on various disciplines that belong to different worldviews. One of the major aims of this work is to gather environmental social sciences and modern biological knowledge, in order to test the robustness of environmental practices and policies on both these grounds. The thesis is articulated around three main approaches, that are epistemological, biological and social, the latter including the practical application of the formers. We start from the word “nature” itself, its origin and development, in order to review the different meanings it embodied during its history. From there, we gather several contemporary definitions of “nature”, which constitute as much potential aims for “nature conservation”. The biological part examines the different types of biological sets that get protected depending on each of these representations of nature, and highlight several contradictions, lacks, and inconsistencies, before developing the idea of “common biodiversity”, which is often forgotten in current conservation whereas it is biologically decisive. We then study a quantification tool for assessing pressure on this common biodiversity. Last but not least, the social approach addresses the values that motivate conservation. Whereas biological sciences are only descriptive and can’t provide but tools and no politics, we try, at the double light of the diversity of representations and scientific knowledge, to propose a pragmatic system of thought for nature conservation, accounting for potential trade-offs from both cultural and scientific points of view.