La normativité de la signification

The Normativity of Meaning

• Auteur / Autrice : Charles Groulier
• Direction : Pascal Engel
• Type : Thèse de doctorat
• Discipline(s) : Philosophie
• Date : Soutenance le 14/10/2021
• Etablissement(s) : Paris, EHESS
• Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales
• Jury : Président / Présidente : Jérôme Dokic
• Jury : Examinateurs / Examinatrices : Jérôme Dokic, Diego Marconi, Claudine Verheggen, François Recanati, Isidora Stojanovic
• Jury : Rapporteurs / Rapporteuses : Diego Marconi, Claudine Verheggen

Mots clés

Mots clés contrôlés

Individualisme

Externalisme (philosophie)

Règle (philosophie)

Signification (philosophie)

Norme (morale)

Mots clés libres

Normativité

Signification

Règle

Normativity

Meaning

Rule

Résumé

Les mots peuvent être utilisés correctement ou non. Qu’un mot ait été utilisé correctement dépend de ce qu’il signifie. On peut exprimer cette idée en disant que la signification d’un mot est une règle ou une norme pour son usage correct, ou encore que, si l’on souhaite utiliser correctement un mot, alors on doit l’utiliser d’une certaine façon. Les termes « règle », « norme », « correction » et « devoir », qui servent à formuler cette idée, sont à première vue des termes que les philosophesqualifient de normatifs. L’objet de la présente étude est de déterminer en quel sens ces termes sont normatifs et pourquoi la notion de signification (de même que certaines notions apparentées, comme celle de concept) est une notion normative. Nous soutenons que les notions normatives renvoient à des phénomènes qui résistent à une description purement naturaliste, c’est-à-dire une description exploitant uniquement des concepts ayant leur place au sein des sciences naturelles. À la suite de Wittgenstein et Kripke, nous montrons en quoi la dimension normative de la signification constitue un obstacle aux tentatives réductionnistes visant à expliquer la signification à partir de régularités ou de dispositions d’usage. Il s’agit aussi dans ce travail de montrer que la normativité de la signification possède une forme d’autonomie vis-à-vis d’autres types de normativité, tels que les normativités morale ou épistémique. Nous confrontons l’approche normativiste du langage aux objections de Davidson, selon lesquelles les notions de règle, de convention et d’usage correct sont superficielles et dénuées de fondement philosophique. La conception normativiste est enfin située dans le cadre du débat entre individualisme et externalisme.

Words can be used correctly or incorrectly. Whether a word has been used correctly depends on what it means. This idea can be expressed by saying that the meaning of a word is a rule or norm for its correct use, or that if one intends to use a word correctly, then one ought to use it in a certain way. The terms "rule," "norm," "correctness," and "ought," which are used to formulate this idea, are prima facie terms that philosophers would call normative. The purpose of this dissertation is todetermine in what sense these terms are normative and why the notion of meaning (as well as some related notions, such as concept) is a normative notion. We argue that normative notions refer to phenomena that resist a purely naturalistic description, i.e. a description that only uses concepts that have their place in the natural sciences. Following Wittgenstein and Kripke, we show how the normative dimension of meaning constitutes an obstacle to reductionist attempts to explain meaning on the basis of regularities or dispositions of use. The aim of this work is also to show that the normativity of meaning displays a form of autonomy with respect to other types of normativity, such as moral or epistemic normativity. We confront the normativist approach to language with Davidson's objections that the notions of rule, convention and correct usage are superficial and lacking in philosophical foundation. Finally, the normativist conception is situated within the debatebetween individualism and externalism.