Histoire de Barlaam et Ioasaph, attribuée à Jean Damascène : traduction et commentaire

par Gilles Duhil

Projet de thèse en Doctorat Lettres Classiques

Sous la direction de Bernard Pouderon.

Thèses en préparation à Tours , dans le cadre de Ecole doctorale Sciences de l'Homme et de la Société (Tours) depuis le 04-11-2014 .


  • Résumé

    Parvenue jusqu’à nous dans plus de deux cents manuscrits grecs, l’Histoire de Barlaam et Ioasaph, traditionnellement associée au nom de Jean Damascène, a donné naissance, au Moyen Age, à un nombre impressionnant de traductions, de résumés ou d’adaptations, au point de hanter toute la littérature européenne de Shakespeare à Freud en passant par Boccace, La Fontaine ou encore Tolstoï. Pourtant, malgré cette extraordinaire popularité, cette œuvre monumentale de plus de quatre cents pages, à la structure narrative complexe, et dotée d’un nombre conséquent de fables et d’apologues qui ont fortement marqué les esprits de ses lecteurs et ont grandement contribué à sa diffusion, est tombée dans l’oubli le plus total et n’a plus été traduite en français depuis le XVIe siècle. Ce travail se propose, donc, d’en donner une traduction moderne, à partir du texte grec récemment édité par le professeur Volk en 2006. Il s’agira également de faire le point sur la genèse d’une œuvre qui, loin d’être née ex nihilo sous la plume d’un écrivain byzantin, présente une trame – longtemps restée ignorée de ses lecteurs – empruntée à un fonds de légendes bouddhiques, dont on retrouve trace dans des milieux autres que celui du grec byzantin ou même de la chrétienneté. Cette recherche de l’origine de l’Histoire amènera tout naturellement à se poser la question de l’identité de son auteur, question qui n’a cessé, depuis plus d’un siècle, de diviser les spécialistes. L’absence de consensus au sein de la communauté universitaire invite, d’ailleurs, à faire preuve de prudence et à se tourner vers l’œuvre elle-même pour examiner attentivement les renseignements tant géographiques qu’ethnographiques que l’on peut y glaner afin de déterminer le lieu, le moment, les conditions et les raisons dans la vie socio-politique et culturelle de Byzance susceptibles d’en expliquer l’écriture. De plus, cette recherche du Sitz im Leben conduira inévitablement à s’interroger sur sa dimension littéraire. On cherchera, ainsi, à voir si cette œuvre – qui accorde une grande part à l’enseignement du dogme et à l’exaltation de l’ascétisme mené par les moines au désert – forte d’un christianisme triomphant désireux non seulement de ne pas rejeter, mais encore d’utiliser, voire, pour une part, d’assimiler un hellénisme profane désormais sans danger, n’est pas emblématique d’un éclectisme propice aux alliances les plus paradoxales, par l’association de deux genres pour le moins différents et en apparence inconciliables : celui de l’hagiographie et celui du roman. L’Histoire de Barlaam et Ioasaph n’est-elle pas, en définitive, un de ces exemples stupéfiants de la rencontre entre deux mondes – pour ne pas dire trois, si l’on inclut le bouddhisme –, où le genre romanesque se met au service de la foi et le πάθος ἐρωτικόν (pathos erotikos) à celui de l’ Ἔρως (Eros) divin ?


  • Pas de résumé disponible.