Thèse soutenue

Le discours aljamiado et sa communauté
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Auteur / Autrice : Olivier Brisville-Fertin
Direction : Carlos HeuschAlberto Montaner Frutos
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Etudes Hispaniques
Date : Soutenance le 04/09/2020
Etablissement(s) : Lyon
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Lettres, langues, linguistique, arts (Lyon)
Partenaire(s) de recherche : Etablissement étranger : Universidad de Zaragoza (Espagne)
établissement opérateur d'inscription : École normale supérieure de Lyon (2010-...)
Laboratoire : Histoire, archéologie, littératures des mondes chrétiens et musulmans médiévaux (Lyon ; 1977-....)
Jury : Président / Présidente : Éric Beaumatin
Examinateurs / Examinatrices : Carlos Heusch, Alberto Montaner Frutos, Éric Beaumatin, Nuria Martínez de Castilla Muñoz, Mercedes García-Arenal, Linda Gale Jones, Julie Marquer
Rapporteurs / Rapporteuses : Nuria Martínez de Castilla Muñoz

Résumé

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Les manuscrits aljamiados ont essentiellement été perçus comme un moyen de résistance des minorités crypto-musulmanes face à l’évangélisation et à l’Inquisition du XVIe siècle hispanique. Or l’émergence de ce phénomène dès la période mudéjare implique un contexte distinct et incite à considérer cette romancisation comme le produit d’une évolution socioculturelle longue et comme un processus de renégociation et de réaffirmation des cadres de l’aljama. Notre hypothèse initiale est ainsi d’envisager la production aljamiada comme un discours régulateur et configurateur des communautés tagarines en tant que matrice ethnoculturelle de leur identité. Il s’agit dès lors d’appréhender les motivations, les usages et les effets escomptés de cette production discursive au sein d’une minorité religieuse en évolution. Comment le discours aljamiado permettait-il aux communautés islamiques de se configurer et de perdurer dans l’Aragon des XIVIe-XVIIe siècles ? Comment contribuait-il à « faire communauté » ? Notre approche sociale, linguistique et pragmatique impose une contextualisation approfondie : l’aljamiado émerge parce qu’il y a une aljama et pour que cette communauté se perpétue en conservant les préceptes et normes de l’islam, comme tradition discursive relayée, appliquée et adaptée par les alfaquis. L’aljamiado, produit de l’activité de la communauté de pratique et de discours de ces lettrés, est l’élaboration d’un canon islamique traditionnel en roman qui continue à être diffusé et donc (ré)élaboré durant la clandestinité morisque. Fondé sur la traduction littérale, l’aljamiado est une variété de la scripturalité au cœur des domaines cultu(r)els. Actualisé en discours lors d’activités communautaires, il modelait les cadres de la communauté tout en transmettant les valeurs de l’identité ethnique, comme ressources signifiantes pour ses membres.