Thèse soutenue

Les pokhari dans la plaine du Népal : des étangs à usages multiples ou passant à la pisciculture exclusive dans le contexte tendu des transformations territoriales du Téraï oriental
FR  |  
EN
Accès à la thèse
Auteur / Autrice : Caroline Sarrazin
Direction : Joëlle Smadja
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Géographie humaine, économique et régionale
Date : Soutenance le 22/06/2020
Etablissement(s) : Paris 10
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Espaces, Temps, Cultures (Université Paris Nanterre)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre national de la recherche scientifique (France). Unité Propre de Recherche (299)
Jury : Président / Présidente : Hubert Cochet
Examinateurs / Examinatrices : Joëlle Smadja, Hubert Cochet, Pierre Dérioz, Emmanuèle Gautier, Olivia Aubriot, Stéphane Ghiotti
Rapporteurs / Rapporteuses : Pierre Dérioz, Emmanuèle Gautier

Résumé

FR  |  
EN

La gestion des ressources représente un des défis contemporains majeurs pour les sociétés rurales. Dans la plaine du Téraï oriental (Népal), qui renferme des densités de population élevées (plus de 500 hab./ km²), des restructurations territoriales amènent les populations locales à faire face à de fortes pressions foncières et sur l’eau. Elles amènent notamment à des changements profonds dans les pratiques des usagers de pokhari. Ces plans d’eau, de tailles diverses (de 0,01 à 6 hectares ou plus), sont définis comme des écosystèmes multi-usages. De tenure publique ou privée, les pokhari sont gérés collectivement par des communautés villageoises Tharu ou Madhesi, des populations originaires de la plaine, ou individuellement et plutôt par des exploitants-indépendants Pahari qui privilégient les initiatives personnelles. Alors qu’ils sont omniprésents dans les districts de Saptari et de Sunsari, nos deux terrains d’étude, ce n’est qu’à partir des années 1990 que les pokhari deviennent la cible de politiques publiques visant à augmenter la productivité économique de la plaine par le développement de la pisciculture intensive dans les pokhari et par la mise aux enchères d’autorisations privatives de leur gestion. Les populations locales doivent faire face à de nouveaux enjeux d’individualisation et de privatisation dans les pratiques : ces processus renforcent les inégalités sociales et économiques entre de puissants propriétaires fonciers et des populations de basses-castes du Téraï qui défendent la pratique multi-usages des pokhari. D’après une typologie, établie dans ce travail de thèse, de 232 plans d’eau localisés à Saptari et à Sunsari, combinée à une analyse spatio-temporelle de l’évolution des surfaces en eau des pokharii, les récentes logiques productivistes défendues par l’État népalais engendrent diverses modifications des pratiques, discutées dans ce travail. Pourtant, face aux interdictions d’usage de plans d’eau anciennement collectifs, certaines communautés Madhesi se mobilisent contre de nouvelles exclusions sociales, reconsidérant les rapports de force dans la gouvernance des plans d’eau de la plaine.