Thèse soutenue

Asseoir l'Etat : contester et instituer l'ordre extractif en Amazonie péruvienne

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Auteur / Autrice : Doris Buu-Sao
Direction : Lilian Mathieu
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Science politique
Date : Soutenance le 19/06/2017
Etablissement(s) : Paris, Institut d'études politiques
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de Sciences Po (Paris ; 1995-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de recherches internationales (1952-.... ; Paris)
Jury : Président / Présidente : Jean-Louis Briquet
Examinateurs / Examinatrices : Lilian Mathieu, Julian Mischi, Benjamin Rubbers, Hélène Combes, Carmen Salazar-Soler
Rapporteurs / Rapporteuses : Julian Mischi, Benjamin Rubbers

Résumé

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Au Pérou comme ailleurs, les industries extractives sont au cœur de projets gouvernementaux et d’épisodes contestataires qui semblent entretenir un rapport fondamentalement antagoniste. Cette thèse développe une approche par le bas, à l’échelle des interactions en face-à-face et du quotidien des personnes impliquées, afin de dépasser les lectures dualistes qui opposent des dominants omnipotents à des dominés unanimement résistants. À partir d’une enquête ethnographique menée aux abords de la plus ancienne concession pétrolière de l’Amazonie péruvienne, cette recherche analyse conjointement la contestation et le gouvernement des populations, les ajustements réciproques entre des modalités de (re)production d’un ordre social aux frontières du territoire et des pratiques protestataires qui mettent en difficulté un projet de gouvernement. Les habitants de l’Amazonie et leurs représentants, quand ils contestent la pollution industrielle, invoquent l’État comme responsable, arbitre et solution. En faisant s’« asseoir l’État » dans leurs villages, en la personne de ses représentants, pour faire entendre leurs griefs, ils contribuent à asseoir le pouvoir étatique aux confins de la nation, à affermir son assise territoriale, symbolique et pratique. Ce qui se donne à voir, dans le quotidien des villages, de leur voisinage avec le monde industriel, comme dans l’extraordinaire des épisodes protestataires, est finalement une co-production de l’État par les habitants des confins du territoire, leurs représentants contestataires et leurs interlocuteurs gouvernementaux, dans le jeu des ajustements réciproques entre la contestation et l’institution de l’ordre extractif.