De « citoyens engagés » à « procureurs de la République » : la personnalisation du journalisme politique après la restitution démocratique argentine (1983-2001)

From “committed citizens” to “prosecutors of the Republic” : the personalization of political journalism after the Argentine democratic restitution (1983-2001)

De “ciudadanos comprometidos” a “ fiscales d e la República” : la personalización del periodismo político tras la restitución democrática argentina (1983-2001)

• Auteur / Autrice : Micaela Mariel Baldoni
• Direction : Michel Offerlé, Gabriel Vommaro
• Type : Projet de thèse
• Discipline(s) : Sciences de la société
• Date : Inscription en doctorat le 29/02/2012
• Etablissement(s) : Paris, EHESS en cotutelle avec Universidad nacional de General Sarmiento
• Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales

Mots clés

Mots clés libres

Journalisme politique

Médias et politique

Notoriété médiatique

Socio-histoire du journalisme

Sociologie politique des élites

Études sur les vedettes

Political journalism

Media and politics

Media notoriety

Socio-history of journalism

Political sociology of elites

Celebrity studies

Periodismo político

Medias y política

Notoriedad mediática

Socio-historia del periodismo

Sociología política de las élites

Estudios de celebridades

Résumé

Dans un contexte marqué par l'influence croissante des médias dans l'espace public argentin, un ensemble de journalistes politiques, que nous appelons notables, se sont constitués au cours des décennies 1980 et 1990 comme porte-parole du public et ont incarné les valeurs démocratiques de la nation. Avec un pouvoir croissant d'intervention publique, ils ont assumé des rôles intellectuels et politiques autrefois occupés par d'autres acteurs. Avec leurs nouvelles positions, dont le principal capital était un public relativement massif de partisans, ils ont contribué à reconfigurer les rôles d'autorité dans les débats publics. Une des particularités de ces figures dans le cas argentin est qu'elles ne sont pas seulement des "stars" de la télévision, mais des journalistes occupant plusieurs positions dans le domaine médiatique. Les notables de la profession sont des chroniqueurs de renom avec des signatures dans la presse écrite de référence, des auteurs de livres politico-journalistiques dans le domaine éditorial, des animateurs ou chroniqueurs d'émissions d'information sur les médias radiophoniques et de programmes politiques à la télévision. Leurs différentes positions sont validées par les niveaux d'audience et par des récompenses, renforçant ainsi leur hiérarchie dans le métier. Enfin, cette position les rend des interlocuteurs légitimes dans les débats publics, aux côtés d'autres acteurs de l'espace de la communication politique et du domaine politique. La présente thèse analyse le processus par lequel la notoriété est devenue, en termes de Pierre Bourdieu, un capital symbolique dans le domaine journalistique et dans le domaine du pouvoir. Avec une approche centrée sur la reconfiguration de l'élite du journalisme politique, elle se concentre sur le processus de personnalisation de la parole et de l'opinion journalistique, dans lequel des figures individualisées partagent et rivalisent pour le pouvoir et le prestige avec les institutions médiatiques. Pour ce faire, l'étude examine, d'une part, les modèles de journalisme représentés par ces journalistes et la transformation des critères d'excellence professionnelle ; et, d'autre part, elle traite des relations changeantes d'interdépendance que ces journalistes entretiennent avec les entrepreneurs médiatiques, leurs collègues, leurs sources politiques, les experts en communication politique et leur public. D'un point de vue socio-historique, cette thèse s'appuie sur différentes approches théoriques. Tout d'abord, elle repose sur la théorie des champs de Pierre Bourdieu et la perspective des configurations de Norbert Elías, ainsi que sur les études des élites. Ensuite, elle examine les contributions de la sociologie politique afin d'analyser à la fois la relation entre le champ journalistique et le champ politique. La similarité entre ces domaines permet aux outils heuristiques utilisés pour réfléchir au développement des carrières et des rôles politiques d'être productifs dans l'analyse des formes d'entrée et de progression des journalistes. Enfin, nous nous concentrons sur les contributions de la sociologie du journalisme et des études sur les célébrités pour analyser, d'une part, les modèles professionnels historiquement configurés et, d'autre part, la manière dont le développement d'une culture de la célébrité a permis à ces acteurs d'atteindre un public massif et, par conséquent, de se hisser à des positions de premier plan tant dans leur domaine professionnel que dans celui du pouvoir. En conclusion de l'analyse, nous montrons comment les reconfigurations du champ journalistique et de son élite ont contribué de différentes manières au processus de transition, de restauration et de consolidation de la démocratie en Argentine, entre 1983 et 2001. De plus, nous proposons des questions de recherche pour de futures études après avoir examiné les défis auxquels est confronté le journalisme politique face aux configurations contemporaines du domaine médiatique.

In a scenario marked by the growing influence of the media in the Argentine public sphere, a group of political journalists, whom we call "notables," emerged throughout the decades of the 1980s and 1990s as spokespeople for the public and embodied the democratic values of the nation. With increasing power of public intervention, they assumed intellectual and political roles previously occupied by other actors. With their new positions, whose main capital consisted of a relatively massive audience of followers, they contributed to the reconfiguration of authority roles in public debates. One of the peculiarities of these figures in the Argentine case is that they are not only television "stars" but also journalists who hold multiple positions in the media field. The notables of the profession are renowned columnists with bylines in leading print media, authors of political-journalistic books in the publishing sphere, hosts or columnists of information programs on radio and political programs on television. Their various positions are validated by audience levels and awards, reinforcing their hierarchy in the profession. Finally, this position makes them valid interlocutors in public debates, alongside other actors in the space of political communication and the political field. This thesis analyzes the process by which notoriety became, in terms of Pierre Bourdieu, a symbolic capital within the journalistic field and in the field of power. With a focus on the reconfiguration of the elite in political journalism, it concentrates on the process of personalizing speech and journalistic opinion, in which individualized figures share and compete for power and prestige with media institutions. To this end, the study investigates, on one hand, the models of journalism represented by these journalists and the transformation of criteria of professional excellence; and, on the other hand, it deals with the changing interdependence relationships that these journalists maintain with media entrepreneurs, their colleagues, their political sources, experts in political communication, and their audience. From a socio-historical perspective, this thesis draws on various theoretical approaches. Firstly, it is based on Pierre Bourdieu's theory of fields and Norbert Elias's perspective on configurations, as well as studies of elites. Secondly, it addresses the contributions of political sociology to analyze both the relationship between the journalistic field and the political field. The similarity between these domains allows heuristic tools used to think about career development and political roles to be productive in analyzing the forms of entry and ascent of journalists. Finally, we focus on the contributions of sociology of journalism and celebrity studies to analyze, on one hand, historically configured professional models and, on the other hand, how the development of a celebrity culture allowed these actors to reach a massive audience and, thereby, achieve prominent positions both in their professional field and in the field of power. As a corollary of the analysis, we demonstrate how the reconfigurations of the journalistic field and its elite contributed in various ways to the process of transition, restitution, and subsequent consolidation of democracy in Argentina, between 1983 and 2001. Furthermore, we propose research questions for future studies after reviewing the challenges faced by political journalism in the face of contemporary configurations of the media sphere.

En un escenario signado por la creciente influencia de los medios de comunicación en el espacio público argentino, un conjunto de periodistas políticos, a los que llamamos notorios, se constituyeron a lo largo de las décadas de 1980 y 1990 como voceros del público y encarnaron los valores democráticos de la nación. Con un creciente poder de intervención pública, asumieron roles intelectuales y políticos, antes ocupados por otros actores. Con sus nuevas posiciones, cuyo principal capital estaba conformado por un público relativamente masivo de seguidores, contribuyeron a la reconfiguración de los roles de autoridad en los debates públicos. Una de las particularidades de estas figuras en el caso argentino es que no solo son "estrellas" televisivas, sino periodistas que ocupan múltiples posiciones en el campo mediático. Los notorios de la profesión son columnistas de renombre con firma en la prensa gráfica de referencia, autores de libros político-periodísticos en el ámbito editorial, conductores o columnistas de programas de información en medios radiales y de programas políticos en la televisión. Sus diversas posiciones son validadas por los niveles de audiencia y por galardones, lo cual refuerza su jerarquía en el oficio. Por último, esta posición los convierte en interlocutores válidos en los debates públicos, junto con otros actores del espacio de la comunicación política y del campo político. La presente tesis analiza el proceso mediante el cual la notoriedad se convirtió, en términos de Pierre Bourdieu, en un capital simbólico dentro del campo periodístico y en el campo del poder. Con un enfoque centrado en la reconfiguración de la élite del periodismo político, se concentra en el proceso de personalización de la palabra y la opinión periodística, en el cual figuras individualizadas comparten y compiten por el poder y el prestigio con las instituciones mediáticas. Para ello, el estudio indaga, por un lado, los modelos de periodismo que representan estos periodistas y la transformación de los criterios de excelencia profesional; y, por otro lado, se ocupa de las cambiantes relaciones de interdependencia que estos periodistas mantienen con los empresarios de medios, sus colegas, sus fuentes políticas, los expertos en comunicación política y su público. Desde una perspectiva socio-histórica, esta tesis se nutre de distintos enfoques teóricos. En primer lugar, se basa en la teoría de los campos de Pierre Bourdieu y en la perspectiva de las configuraciones de Norbert Elías, así como en los estudios de las élites. En segundo lugar, se atiende a los aportes de la sociología política a fin de analizar tanto la relación entre el campo periodístico y el campo político. La semejanza entre estos ámbitos permite que herramientas heurísticas utilizadas para pensar el desarrollo de las carreras y los roles políticos puedan ser productivas en el análisis de las formas de entrada y ascenso de los periodistas. Por último, nos enfocamos en los aportes de la sociología del periodismo y de los estudios de las celebridades para analizar, por un lado, los modelos profesionales configurados históricamente y, por otro lado, el modo en que el desarrollo de una cultura de la celebridad permitió a estos actores llegar a un público masivo y, con ello, alcanzar posiciones destacadas tanto en su campo profesional como en el campo del poder. Como corolario del análisis, mostramos la manera en que las reconfiguraciones del campo periodístico y de su élite contribuyeron de diversas formas al proceso de transición, restitución y posterior consolidación de la democracia en la Argentina, entre 1983 y 2001. Además, proponemos preguntas de investigación para futuros estudios tras revisar los desafíos que enfrenta el periodismo político ante las configuraciones contemporáneas del ámbito mediático.