Thèse soutenue

Apport de la cohérence intermusculaire pour l'estimation des moments musculaires : application à l'étude des stratégies motrices chez le patient cérébrolésé

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Auteur / Autrice : Emilie Mathieu
Direction : Philippe PudloDavid AmarantiniSylvain Cremoux
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Biomécanique et bio-ingénierie
Date : Soutenance le 06/01/2023
Etablissement(s) : Valenciennes, Université Polytechnique Hauts-de-France
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale polytechnique Hauts-de-France (Valenciennes, Nord ; 2021-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire d'automatique, de mécanique et d'informatique industrielles et humaines (Valenciennes, Nord ; 1994-...)
Etablissement délivrant conjointement le doctorat : Institut national des sciences appliquées Hauts-de-France (Valenciennes, Nord ; 2019-....)
Jury : Président / Présidente : Bastien Berret
Examinateurs / Examinatrices : Philippe Pudlo, David Amarantini, Sylvain Cremoux, Floren Colloud, Agnès Roby-Brami, Pauline Gérus
Rapporteurs / Rapporteuses : Floren Colloud, Agnès Roby-Brami

Résumé

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L'estimation des moments de force développés par chaque muscle intervenant autour d'une articulation peut permettre d'adapter une rééducation motrice ou un entrainement sportif, de préparer une intervention chirurgicale ou bien encore de piloter des prothèses robotisées. Les mesures directes des forces musculaires étant invasives, des modèles biomécaniques ont été développés de manière à en obtenir une estimation. Cependant, en raison de la redondance musculaire, une infinité d'activations musculaires, et donc de stratégies nerveuses, peut conduire à une même action motrice. L'objectif de ce travail de thèse est d'augmenter les qualités d'un modèle existant par la prise en compte des stratégies nerveuses afin d'estimer avec plus de précision les moments musculaires actionnant le coude. Dans ce cadre, il est apparu pertinent, dans une première étape, de proposer une clarification sémantique de la modélisation musculosquelettique. Nous avons ensuite cherché à intégrer la cohérence intermusculaire, c'est-à-dire la corrélation fréquentielle entre deux signaux électromyographiques (EMG), dans un modèle avec une direction inverse de résolution, piloté par l'EMG et incluant un suivi du couple net articulaire. En effet, la cohérence intermusculaire reflète les stratégies nerveuses par l'intermédiaire des commandes communes reçues par les paires de muscles. L'application de ce modèle « augmenté » à une population de sujets sains montre des estimations plus réalistes des moments musculaires, notamment antagonistes, tout en assurant leur stabilité face aux variations de certains paramètres du modèle. La cohérence intermusculaire permet alors de lier les activations musculaires entre elles et réduit la dimensionnalité du problème. Pour des patients présentant un contrôle moteur altéré à la suite d'un traumatisme cérébral, considérer les stratégies nerveuses dans la modélisation pourrait augmenter la précision des moments musculaires estimés. L'analyse de la pertinence de ce modèle augmenté en milieu clinique sur une population cérébrolésée s'est réalisée en deux étapes. Après avoir identifié une coordination interarticulaire altérée pour les deux bras chez les patients ainsi qu'une stratégie de fragmentation du mouvement du bras parétique au cours d'une tâche d'extension active du coude, le modèle augmenté a permis d'estimer les moments musculaires pour cette population. Les moments estimés, en accord avec la cinématique et cinétique précédemment mises en évidence, montrent que les patients présentent une faiblesse musculaire ainsi qu'une difficulté à gérer le niveau requis de cocontraction des muscles antagonistes. De plus, les paramètres du modèle reflètent les déficits nerveux des patients. Ce travail montre l'intérêt de la prise en compte des stratégies nerveuses, à travers la cohérence intermusculaire, dans la modélisation musculosquelettique afin d'obtenir des résultats physiologiquement plus réalistes y compris pour des populations présentant des pathologies. L'application de cette modélisation chez des patients cérébrolésés a apporté de nouvelles connaissances pour l'évaluation des déficits et l'adaptation de la rééducation et des traitements. Ce modèle augmenté ouvre de nouvelles pistes d'exploration de l'efficacité des traitements, comme les effets de la toxine botulique, sur la fragmentation du mouvement.