Thèse soutenue

Utilisation des cellules souches pluripotentes humaines pour modéliser les mécanismes physiopathologiques associés aux dystrophies musculaires des ceintures de type R2

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Auteur / Autrice : Céline Bruge
Direction : Xavier Nissan
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Biologie moléculaire et cellulaire
Date : Soutenance le 24/10/2022
Etablissement(s) : université Paris-Saclay
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Structure et Dynamique des Systèmes Vivants
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut des Cellules Souches pour le Traitement et l’Etude des maladies Monogéniques (Evry, Essonne) - Institut des cellules souches pour le traitement et l'étude des maladies monogéniques
référent : Université d'Évry-Val-d'Essonne (1991-....)
graduate school : Université Paris-Saclay. Graduate School Life Sciences and Health (2020-....)
Jury : Président / Présidente : Elisabeth Petit-Teixeira
Examinateurs / Examinatrices : Xavier Nissan, Marc Bartoli, Stéphane Vassilopoulos, Pascale Bomont, Nicolas Lévy
Rapporteurs / Rapporteuses : Marc Bartoli, Stéphane Vassilopoulos

Résumé

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Les dystrophies musculaires des ceintures (ou LGMD pour Limb Girdle Muscular Dystrophies) désignent un ensemble de maladies génétiques rares caractérisées par une atrophie et une faiblesse spécifique des muscles squelettiques du bassin (ceinture pelvienne) et des épaules (ceinture scapulaire). Parmi la trentaine de formes de LGMD identifiées, la LGMD R2 (ou anciennement LGMD 2B) est causée par une déficience en dysferline, due à des mutations du gène DYSF, qui est une protéine essentielle à la physiologie des muscles squelettiques. Depuis l'identification de la cause génétique sous-jacente à la LGMD R2 en 1998, des avancées majeures en termes de diagnostic, de compréhension physiopathologique et de développement de stratégies thérapeutiques ont été réalisées. Néanmoins, il n'existe à ce jour aucun traitement thérapeutique disponible sur le marché pour les patients, soulignant la nécessité d'avoir une meilleure compréhension des mécanismes moléculaires impliqués dans la LGMD R2.Dans ce contexte, le premier objectif de ma thèse consistait à mettre en place les conditions expérimentales permettant la production de cellules musculaires squelettiques à partir de cellules souches humaines induites à la pluripotence (hiPSC) et à évaluer le potentiel de ce modèle cellulaire pour modéliser les LGMD. Grâce à un protocole robuste de différenciation myogénique, j'ai ainsi pu générer des populations homogènes et fonctionnelles de myoblastes et de myotubes exprimant la majorité des gènes et des protéines impliqués dans les LGMD et démontrer la fiabilité de ce modèle cellulaire à récapituler les phénotypes spécifiques à une LGMD, la LGMD R9.Une fois ce nouveau modèle cellulaire caractérisé, le second objectif de ma thèse était d'identifier de nouvelles voies moléculaires régulées par la dysferline. Par une approche transcriptomique, j'ai ainsi identifié dans les myotubes dérivés de hiPSC de patients LGMD R2 une dérégulation du niveau d'expression de Disabled-2 (Dab2), un adaptateur de l'endocytose médiée par les clathrines. Dans l'ensemble, les résultats démontrent que Dab2 est inversement régulé par les niveaux de dysferline. Dab2 étant impliqué dans la régulation de l'internalisation du récepteur aux lipoprotéines de faible densité (LDLr) et de l'absorption des LDL riches en cholestérol, nous avons alors émis l'hypothèse que sa dérégulation pourrait être impliquée dans la physiopathologie de la LGMD R2, et plus particulièrement dans l'homéostasie défectueuse du cholestérol chez les patients. Au-delà de l'étude de ce processus moléculaire fondamental d'endocytose du cholestérol, ce projet pourrait ouvrir une nouvelle voie thérapeutique pour le traitement de la LGMD R2 en modulant l'homéostasie du cholestérol à l'aide de nouveaux outils génétiques ou d'une pharmacologie facilement accessible. En parallèle, au cours de ma thèse, j'ai développé un autre projet visant à empêcher pharmacologiquement la dégradation des formes mal conformées mais fonctionnelles de la dysferline. C'est notamment le cas de la mutation faux-sens L1341P de la dysferline qui conduit à un mauvais repliement de la protéine, son agrégation dans le réticulum endoplasmique et sa dégradation ultérieure par l'ERAD (endoplasmic reticulum-associated protein degradation machinery). Dans ce programme de recherche translationnel, l'effet de 2239 médicaments repositionnables a été évalué sur l'expression et la localisation de ce variant de la dysferline, aboutissant à l'identification de deux inducteurs d'autophagie, le saracatinib et le bazédoxifène comme médicaments candidats. Au-delà de l'identification d'une nouvelle option thérapeutique pour les patients atteints de LGMD R2, nos résultats mettent en lumière une procédure réutilisable pour évaluer l'effet de milliers de médicaments repositionnables sur des troubles musculaires similaires causés par des mutations faux-sens dégradées par l'ERAD.