Thèse soutenue

Le "contre-chant disloqué" : l’œuvre de Jacques Dupin, entre fulgurance et fêlure

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Auteur / Autrice : Émilie Violette-Pons
Direction : Corinne Bayle
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Langues et littératures françaises
Date : Soutenance le 26/11/2021
Etablissement(s) : Lyon
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Lettres, langues, linguistique, arts (Lyon)
Partenaire(s) de recherche : établissement opérateur d'inscription : École normale supérieure de Lyon (2010-...)
Laboratoire : Centre d'études et de recherches comparées sur la création (Lyon ; 2009-....)
Jury : Président / Présidente : Serge Linarès
Examinateurs / Examinatrices : Corinne Bayle, Serge Linarès, Olivier Belin, Aude Préta-De Beaufort, Martine Créac'h
Rapporteurs / Rapporteuses : Olivier Belin, Aude Préta-De Beaufort

Mots clés

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Résumé

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Cette thèse étudie la qualité du lyrisme de Jacques Dupin dans l’ensemble de son oeuvre pour montrer que le « contre-chant disloqué » n’est pas la fin du chant. La poésie et la critique de Dupin s’y portent en avant d’un accord entre le sujet, le réel et le langage pour étreindre les vibrations de la matière et partager le chant du monde avec ses fulgurances et ses fêlures. De la poétique de la dislocation surgit un lyrisme heurté nourri des tensions paradoxales entre clairvoyance et opacité, et témoin d’un sublime noir. Ainsi, dans une parole désenchantée et discordante, marquée des cicatrices de la finitude et du non-sens, le souffle de la dislocation fait renaître le poète à l’essence de l’être et du langage grâce à la puissance de la violence qui revêt une force politique et éthique. Dès lors, l’écriture disloquée n’est pas une aporie, car le geste poétique, loin d’être vain, partage un élan authentique et une juste présence. La discorde devient paradoxalement la chance du renouveau d’un lyrisme singulier alimenté par l’éthique de la dissonance. La dimension contrapuntique de l’écriture dupinienne préserve la parole là où elle risque justement de se perdre : la division de la voix promet le mouvement d’un chant ouvert abritant une oeuvre chorale malgré la sécheresse du lyrisme. Ainsi, le chant est possible chez Dupin, à travers les scansions du rythme de l’être et la sonorisation d’une voix rauque gagnant sa liberté en refusant l’illusoire harmonie. La conjonction des arts ajuste les voix désaccordées en un lyrisme polyphonique. Ouvrant le poème sur le tableau et la musique, la parole se sauve en accueillant l’intense présence du réel et le souffle de l’art.