Thèse soutenue

L'innovation, la stratégie managériale et l'investissement socialement responsable et durable, les récits utilisés dans le cas de l'industrie de la cosmétique

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Auteur / Autrice : Jennat Setti
Direction : Zeineddine Khelfaoui
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences de gestion
Date : Soutenance le 03/03/2022
Etablissement(s) : Montpellier 3
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale 60, Territoires, Temps, Sociétés et Développement
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Acteurs, ressources et territoires dans le développement (Montpellier ; Perpignan) - Acteurs, ressources et territoires dans le développement (Montpellier ; Perpignan)
Jury : Président / Présidente : Jean-Michel Plane
Examinateurs / Examinatrices : Zeineddine Khelfaoui
Rapporteurs / Rapporteuses : Lalla Latifa Alaoui, Sofiane Tahi

Résumé

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La responsabilité sociale des entreprises (RSE), un concept qui a longtemps suscité un intérêt général sans pour autant occuper de place majeure. Faisant l’objet d’études depuis quelques décennies, aujourd’hui elle est enfin visible dans l’espace publique. Néanmoins, la RSE donne lieu à diverses interrogations notamment sur le plan académique. Elle est l’objet de débats et de controverses entre chercheurs dans la communauté scientifique.A travers une lecture sélective, on constate deux grands axes chez les chercheurs : des auteurs qui prônent la responsabilité sociétale issue du concept de « corporate social responsability », tandis que d’autres se mobilisent pour défendre des notions de gouvernance d’entreprises, une entreprise citoyenne, éthique des affaires ou des investissements ou encore développement durable ou soutenable… une fois la littérature scientifique investie, on constate que les entreprises n’ont ni la même vision ni la même conception de la RSE, et cela dépend évidemment de plusieurs acteurs. Tous ces acteurs en fonction de leur appartenance sectorielle et institutionnelle recourent et se positionnent sur la RSE de façons différentes, voire parfois assez contradictoires (Champion, Gendron, Lapointe, 2005).L’étude de la RSE en tant que construction sociale est cohérente avec le concept de parties prenantes, mais la multiplicité́ des théories a donné́ naissance à une confusion conceptuelle importante. Dans notre travail, nous prenons nos distances avec le postulat selon lequel les entreprises entament des actions de RSE essentiellement en réaction aux pressions extérieures dont elles font l’objet de la part des parties prenantes. Nous voulons ainsi ne pas écarter l’hypothèse selon laquelle des pressions similaires peuvent aussi provenir d’acteurs qui ne sont généralement pas identifiés comme parties prenantes.Autrement dit, la RSE est une activité́ définie, élaborée, appropriée, mise en forme et en œuvre socialement et vécue subjectivement en fonction des contextes et des configurations d’application. Cette approche nous incite à considérer la RSE comme un objet d’action dynamique controversé constamment marqué par un univers caractérisé par l’instabilité et l’incertitude. Par ailleurs, la RSE est devenue une thématique importante en sciences de gestion. Les auteurs qui ont ou qui investissent cet objet de recherche s’inscrivent dans une démarche destinée à monter en formalisation en s’appuyant sur de multiples cas de pratiques de RSE dans les entreprises. C’est le cas par exemple de J. Dupuis et C. Le Bras (2009) qui citent dans un de leurs papiers de nombreux auteurs (de Bry, 1998 ; Capron et Quairel, 2004 ; Chauveau et Rose, 2003 ; David et al., 2005 ; De Woot, 2004 ; Dupuis, 2005 ; Dupuis et le Bas, 2005 a et b ; Gendron et al., 2004 ; Iglaens, 2004 ; Loleva, 2005 ; Pesqueux, 2003 ; Perez, 2002 ; 2003). Ces deux auteurs indiquent aussi dans leurs travaux que la RSE est une exigence stratégique portée par les grandes organisations internationales comme le BIT (Bureau international du travail), la CE (Commission européenne) ou l’ONU (Organisation des nations unies. Leur approche montre bien que la RSE est un sujet récurrent de débats et d’échanges entre praticiens, professionnels et chefs d’entreprises (J.C Dupuis et C. Le Bras, 2009).La thèse est consacrée à l’observation des pratiques de deux entreprises de l’industrie cosmétique (L’Oréal et Pierre Fabre) que nous avons retenu comme cas pratique. Il s’agit à travers ces deux cas de saisir leur mode de gouvernance, leur stratégie, leurs logiques organisationnelles et la manière dont elles s’approprient la démarche RSE. La réflexion sur la RSE ne peut se distinguer d’une prise en compte de l’atmosphère managériale que les entreprises peuvent instituer de façon cohérente ou de façon plus floue. Une visibilité faible des orientations managériales suscite souvent des opportunismes et des orientations déviantes.