Thèse soutenue

L'état physique des feldspaths pendant l'Impact Géant

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Auteur / Autrice : Anaïs Kobsch
Direction : Razvan Caracas
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences de l'univers
Date : Soutenance le 09/07/2020
Etablissement(s) : Lyon
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de Physique et Astrophysique de Lyon (1991-....)
Partenaire(s) de recherche : établissement opérateur d'inscription : École normale supérieure de Lyon (2010-...)
Laboratoire : Laboratoire de géologie de Lyon : Terre, planètes et environnement (Lyon ; 2011-....)
Jury : Président / Présidente : Bruno Reynard
Examinateurs / Examinatrices : Razvan Caracas, Bruno Reynard, Simona Ispas, Guillaume Morard, Muriel Andreani, Simon Meyer
Rapporteurs / Rapporteuses : Simona Ispas, Guillaume Morard

Résumé

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L’hypothèse majeure pour la formation de la Lune est celle d’un Impact Géant entre deux planètes en formation, généralement appelées Théïa et Gaïa. L’agglomération du disque de débris résultant aurait ensuite formé la Lune. Cependant aucune des simulations d’impacts ne permet de reproduire totalement les observations du système Terre-Lune actuel. Une solution à ce problème pourrait être d’améliorer notre compréhension des propriétés des différents minéraux, non seulement à hautes pressions et hautes températures (typiques des impacts), mais aussi à basses pressions et hautes températures (typiques de l’état du disque dans l’espace). Comme les expériences en laboratoire ne permettent pas d’atteindre ces dernières conditions, nous réalisons ici des expériences numériques. Nous travaillons sur les feldspaths, les minéraux les plus abondants dans les croûtes lunaire et terrestre. Il existe une multitude de compositions différentes de feldspaths, ici nous nous limitons aux trois compositions extrêmes idéales : NaAlSi3O8, KAlSi3O8 et CaAl2Si2O8. Au moyen d’un ensemble de codes informatiques appelé VASP® nous obtenons de nombreuses données sur les trois feldspaths pour des températures allant d’environ 2000 à 20 000°C et des masses volumiques entre 0.5 et 6 g.cm−3. Les codes du « package » UMD développés pendant ces trois années au sein de l’équipe permettent l’analyse de ces données. Ces expériences numériques permettent de construire un diagramme de phases indicatif pour chacun des feldspaths étudiés. Nous avons visuellement identifié les conditions de pressions et températures pour lesquelles le liquide se vaporise (des bulles de gaz apparaissent). Ce gaz semble être constitué majoritairement d’atomes libres Na et K, mais aussi de petites molécules comme SiO, SiO2 ou O2. Nous avons également estimé la température critique. En dessous de cette température il est possible de voir un changement de phase liquide-gaz, mais au-dessus nous trouvons un fluide unique appelé fluide supercritique. Cette température est estimée entre 5250°C et 5750°C pour KAlSi3O8, entre 6250°C et 6750°C pour NaAlSi3O8 et entre 7250°C et 7750°C pour CaAl2Si2O8. Les propriétés des feldspaths à très hautes pressions (jusqu’à 4 000 000 de fois la pression atmosphérique) et températures (jusqu’à 20 000°C) nous permettent d’estimer l’état physique qu’une croûte planétaire composée de feldspaths pourrait avoir lors d’impacts météoritiques. Lorsque l’impact se produit sur une croûte froide (entre le zéro absolu et les conditions atmosphériques classiques) il pourrait au maximum faire fondre la croûte. Au contraire, lorsque l’impact a lieu sur une croûte chaude voire fondue (2200°C et plus) il pourrait transformer toute la croûte en fluide supercritique. Si c’était bien le cas de l’Impact Géant qui a formé la Lune, alors ce fluide supercritique ainsi créé pourrait permettre de résoudre bien des problèmes de composition chimique que les simulations d’Impact Géant présentent.