Thèse soutenue

Historiciser les barrages en Amazonie brésilienne : environnement, conflit et politique dans la planification et construction de Tucuruí (1960-1985)

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Auteur / Autrice : Nathalia Capellini carvalho de oliveira
Direction : Grégory Quenet
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire, histoire de l'art et archéologie
Date : Soutenance le 19/12/2019
Etablissement(s) : Université Paris-Saclay (ComUE)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences de l'Homme et de la société (Sceaux, Hauts-de-Seine ; 2015-2020)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre d'histoire culturelle des sociétés contemporaines (Guyancourt, Yvelines ; 1998-....)
établissement opérateur d'inscription : Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines (1991-....)
Jury : Président / Présidente : Bruno Villalba
Examinateurs / Examinatrices : Grégory Quenet, Bruno Villalba, Lise Sedrez, Olivier Compagnon, Claudia Damasceno Fonseca
Rapporteurs / Rapporteuses : Lise Sedrez, Olivier Compagnon

Résumé

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Cette thèse traite de la planification et de la construction du barrage de Tucuruí sur le fleuve Tocantins dans l’État du Pará au Brésil. Ce barrage a été l’un des grands travaux publics de la dictature militaire qui a dirigé le Brésil entre 1964 et 1985 et a fait partie de la stratégie géopolitique de ce régime pour la région amazonienne. Ce travail met en lumière les relations entre État et ressources en Amazonie dans une perspective historique, s'attachant d’une part à la manière dont un projet politique, ici celui des militaires, incarne un processus de transformation matérielle de l’espace à travers l’implantation d’infrastructures. D’autre part, sur comment une infrastructure, ici hydroélectrique, peut matérialiser une vision politique particulière. Toutefois, si la dictature militaire a été un moment charnière où les barrages sont implantés en Amazonie, ce travail montre que ces infrastructures s’inscrivent dans une longue histoire de l’aménagement fluvial de la région. Dans cette perspective plus longue, les relations entre l’État central et les élites régionales, ainsi que les dynamiques du capital en relation aux ressources amazoniennes, apparaissent comme centrales. Finalement, il s’agit d’une réflexion sur la place de Tucuruí dans l’héritage laissé par la dictature militaire en Amazonie, en tant que modèle pour les grands aménagements opérés dans la région par la suite.En s’appuyant sur une multiplicité de sources - de la documentation grise produite par l’État, en passant par les archives de la répression ou encore par la production textuelle des mouvements sociaux - cette étude réfléchit à l’expérience Tucuruí comme un point nodal de l’aménagement des cours d’eau Amazoniens et de l’action étatique planifiée dans la région. Au fur et à mesure de l’avancée des travaux, celui qui allait être le premier grand barrage du monde construit dans une forêt tropicale, éveille une forte opposition en raison des incertitudes écologiques, des injustices sociales et des controverses politiques qui entourent sa mise en place. Ce processus s’inscrit et se construit dans un jeu où de multiples temporalités et échelles se croisent dans la production d’une Amazonie sujette à l’emprise étatique, aux intérêts capitalistes, aux logiques économiques et techniques, aux imaginaires symboliques, aux enjeux géopolitiques, aux mouvements sociaux, mais aussi aux processus biophysiques et hydrologiques.